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IACM-Bulletin du 1 juin 2006

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Science — une association de THC et de prochlorpĂ©razine se montre efficace dans la diminution des nausĂ©es et vomissements chez la femme aprĂšs chirurgie du sein

Des chercheurs de l’universitĂ© et de l’hĂŽpital central des vĂ©tĂ©rans de l’Arkansas ont Ă©tudiĂ© l’effet de 5 mg de THC par voie orale associĂ©s Ă  25 mg de prochlorpĂ©razine par voie rectale quant Ă  la frĂ©quence des nausĂ©es et vomissements chez des femmes opĂ©rĂ©es du sein sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale. ComparĂ©e Ă  celle des patientes du groupe tĂ©moin, la frĂ©quence des nausĂ©es est tombĂ©e de 59 % Ă  15 % et celle des vomissements de 29 % Ă  3 %.

Une Ă©tude rĂ©trospective a Ă©tĂ© menĂ©e sur dossier de 242 patientes triĂ©es et opĂ©rĂ©es entre juillet 2001 et mars 2003. Les rĂ©sultats ont pu ĂȘtre exploitĂ©s. Parmi elles, 127 patientes ont subi l’intervention sans traitement prĂ©ventif avant septembre 2002 et 115 autres, opĂ©rĂ©es aprĂšs septembre 2002, ont reçu du THC (dronabinol) par voie orale ainsi que de la prochlorpĂ©razine par voie rectale avant l’intervention. Les donnĂ©es sont issues des dossiers de l'hĂŽpital. Les chercheurs en ont conclu que les nausĂ©es et vomissements postopĂ©ratoires (PONV, postoperative nausea and vomiting) reprĂ©sentent « un problĂšme important pour les patientes qui doivent se faire opĂ©rer du sein. Le traitement prĂ©opĂ©ratoire Ă  base de dronabinol et de prochlorpĂ©razine a rĂ©duit de maniĂšre significative la frĂ©quence ainsi que la gravitĂ© du syndrome nausĂ©eux accompagnĂ© de vomissements (PONV). »

(Source : Layeeque R, Siegel E, Kass R, Henry-Tillman RS, Colvert M, Mancino A, Klimberg VS. Prevention of nausea and vomiting following breast surgery. Am J Surg 2006;191(6):767-72)

Science — une Ă©tude d'envergure dĂ©montre l'absence de relation entre le cancer du poumon et le cannabis fumĂ©

Une Ă©tude d’envergure sur la relation causale entre le fait de fumer du cannabis et le cancer du poumon vient d’ĂȘtre prĂ©sentĂ©e Ă  San Diego Ă  l’occasion du CongrĂšs de l’American Thorax Society (SociĂ©tĂ© amĂ©ricaine de chirurgie thoracique). Elle a suscitĂ© un grand intĂ©rĂȘt auprĂšs des mĂ©dias. Cette mĂȘme Ă©tude avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e en 2005 au CongrĂšs international de la SociĂ©tĂ© de Recherche sur le CannabinoĂŻdes. D’aprĂšs les rĂ©sultats obtenus avec 611 personnes atteintes d’un cancer du poumon, 601 personnes souffrant d’un cancer de la tĂȘte ou du cou et 1040 sujets sains, nulle augmentation de risque liĂ© Ă  la prise de cannabis n’a pu ĂȘtre observĂ©e, mĂȘme en cas de forte consommation prolongĂ©e.

« Nous nous attendions Ă  ce que chez de gros consommateurs de marijuana (entre 500 et 1000 prises de drogue) le risque de cancer augmente plusieurs annĂ©es, voire des dĂ©cennies, aprĂšs l’exposition Ă  la substance », a dĂ©clarĂ© le Dr. Donald Tashkin de l'universitĂ© de Californie, directeur de l'Ă©tude, dans la revue Scientific American. Or les chercheurs ont dĂ©couvert que mĂȘme chez les participants qui ont fumĂ© plus de 20.000 cigarettes de cannabis au cours de leur vie, aucune augmentation de risque pour le cancer du poumon n’a pu ĂȘtre observĂ©e.

Sources : Scientific American du 24 mai 2006; Morgenstern H, et al. Marijuana use and cancers of the lung and upper aerodigestive tract: results of a case-control study. Presentation at the ICRS Conference on Cannabinoids, 24-27 June 2005, Clearwater, USA)

Science — le cannabidiol diminue l’évolution du diabĂšte dans une Ă©tude menĂ©e sur des animaux

Des chercheurs du centre hospitalier universitaire de Hadassah, Ă  JĂ©rusalem, ont Ă©tudiĂ© les effets du cannabidiol naturel (CBD) sur l'Ă©volution du diabĂšte chez des souris gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es. Les rongeurs, nommĂ©s souris NOD, ont dĂ©veloppĂ© Ă  l’ñge de 4 Ă  5 semaines une insulite lymphocytaire (infiltration lymphocytaire des Ăźlots de Langerhans), suivie de diabĂšte au bout de 14 semaines en moyenne. L’insulite est une inflammation des cellules du pancrĂ©as qui produisent l’insuline. Le diabĂšte est le rĂ©sultat de la destruction de ces cellules.

Chez les souris NOD, ĂągĂ©es entre 6 et 12 semaines qui ont reçu entre 10 et 20 injections de CBD (5 mg par kg de poids), la frĂ©quence du diabĂšte a Ă©tĂ© rĂ©duite significativement, c’est-Ă -dire de 30 % par rapport aux souris du groupe non traitĂ© montrant 89 % de diabĂšte. Dans le groupe des rongeurs qui ont reçu le traitement, les souris qui ont dĂ©veloppĂ© le diabĂšte, le dĂ©but de la maladie a Ă©tĂ© clairement retardĂ©. Les taux de deux cytokines responsables d’inflammations, la IFN-gamma et la TFN-alpha, ont Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralement plus Ă©levĂ©s chez les souris NOD. Un traitement Ă  base de CBD a dĂ©clenchĂ© une diminution significative (plus de 70 %) du nombre de ces deux cytokines. Lors d’un autre test, les souris ayant reçu un traitement Ă  base de CBD ont Ă©tĂ© observĂ©es pendant 26 semaines. Les cinq souris contrĂŽlĂ©es placebo ont toutes dĂ©veloppĂ© un diabĂšte, contrairement aux trois des cinq rongeurs traitĂ©s avec du CBD pendant le mĂȘme laps de temps.

Les chercheurs en ont conclu qu’une confirmation des effets de modulation immunitaire du CBD pourrait mener Ă  « une application clinique de cette substance pour prĂ©venir le diabĂšte de type 1 », voire Ă©ventuellement pour d’autres maladies auto-immunes. Ils ont attirĂ© l’attention sur le fait que de nombreux patients, chez qui un diabĂšte de type-1 a Ă©tĂ© diagnostiquĂ©, prĂ©sentaient au moment de sa dĂ©couverte un taux encore suffisant de cellules productrices d’insuline. Par consĂ©quent, ces patients pourraient ĂȘtre des candidats potentiels pour recevoir un traitement par « modulation immunitaire ».

(Source : Weiss L, Zeira M, Reich S, Har-Noy M, Mechoulam R, Slavin S, Gallily R. Cannabidiol lowers incidence of diabetes in non-obese diabetic mice. Autoimmunity 2006;39(2):143-51)

Economy — la nabilone à nouveau disponible aux Etats-Unis

17 ans aprÚs son retrait du marché américain, la nabilone, un dérivé synthétique du THC, est à nouveau disponible à la vente comme médicament pour traiter les nausées et vomissements de la chimiothérapie, selon une déclaration faite le 16 mai par le fabricant. La nabilone est commercialisée sous le nom de cesamet par la société Valeant Pharmaceuticals International, située à Costa Mesa en Californie. Cette société pharmaceutique a acheté la licence du médicament à Eli Lilly en 2004 et vend actuellement le produit au Canada.

Valeant a dĂ©clarĂ© que Eli Lilly avait obtenu l’autorisation de mise sur le marchĂ© pour la nabilone en 1985 par la FDA (Food and Drug Administration) et qui, en 1989, l’avait Ă  nouveau retirĂ©e. Le cesamet va entrer en concurrence avec le marinol (mĂ©dicament Ă  base de dronabinol, extrait de THC qui est le premier principe actif du cannabis), commercialisĂ© aux Etats-Unis par Solvay Pharmaceuticals. Le dronabinol, la dĂ©nomination commune internationale (INN, international non-proprietary name) du premier principe actif du cannabis, est souvent appelĂ© par erreur THC synthĂ©tique, puisque la molĂ©cule pour le marinol est fabriquĂ©e par synthĂšse biochimique. De plus, le marinol fut le premier produit Ă  bas de dronabinol en vente dans les pharmacies. Les effets secondaires de la nabilone sont similaires Ă  ceux du dronabinol.

Sources : Communiqué de presse de Valeant Pharmaceuticals International du 16 mai 2006, Associated Press du 16 mai 2006)

En bref

Suisse — Berne

Le conseil municipal de la ville de Berne a dĂ©cidĂ© de lancer un projet pilote relatif Ă  la vente contrĂŽlĂ©e de cannabis. Cette dĂ©cision va Ă  l’encontre de celle prise par le gouvernement fĂ©dĂ©ral et les autoritĂ©s cantonales. Ce projet pilote concerne la libre vente de cannabis, Ă  condition que l’interdiction de publicitĂ©, l’interdiction de la vente Ă  des mineurs ainsi que la quantitĂ© maximale journaliĂšre de vente fixĂ©e soient respectĂ©es. L’annĂ©e derniĂšre, un projet de loi sur la distribution contrĂŽlĂ©e de cannabis a Ă©tĂ© rejetĂ© par le parlement suisse (Source : 20min.ch du 23 mai 2006)

Italie — Amendement

Le 9 mai, une loi adoptĂ©e par le gouvernement Berlusconi est entrĂ©e en vigueur : elle renforce les sanctions liĂ©es Ă  la possession de petites quantitĂ©s de drogue. Or, quatre nouvelles propositions de loi, prĂ©sentĂ©es en mai, c’est-Ă -dire aprĂšs les Ă©lections et la formation du nouveau gouvernement, viseraient d'une part Ă  la dĂ©pĂ©nalisation de la possession de cannabis et, d’autre part, Ă  l’amĂ©lioration des utilisations thĂ©rapeutiques du cannabis mĂ©dical. (Source : dire des 5 et 8 mai 2006)

Science — cirrhose du foie

Le rapport expĂ©rimental de chercheurs français nous apprend que le traitement par un antagoniste des rĂ©cepteurs CB1 favorisait le processus de guĂ©rison des lĂ©sions traumatiques aiguĂ«s du foie chez la souris ainsi qu’une bonne Ă©volution de la cirrhose du foie dans trois modĂšles de lĂ©sions chroniques du foie. Ils en ont conclu que « notre Ă©tude dĂ©montre que l’antagoniste du rĂ©cepteur CB1 reprĂ©sente un traitement prometteur pour la cirrhose du foie ». (Source : Teixeira-Clerc F, et al. Nat Med, le 21 mai 2006; [publication Ă©lectronique avant impression])

Science — dĂ©pression

Des chercheurs canadiens ont dĂ©couvert chez des souris que le systĂšme cannabinoĂŻde est en partie responsable de l’efficacitĂ© d’un traitement Ă  long terme Ă  base d’antidĂ©presseurs tricycliques par inhibition du taux de cortisone liĂ©e au stress. L’administration pendant trois semaines de dĂ©sipramine, un antidĂ©presseur tricyclique, a provoquĂ© une augmentation significative du nombre de rĂ©cepteurs CB 1 dans certaines rĂ©gions du cerveau (hippocampe et hypothalamus) sans influence significative sur le taux d'endocannabinoĂŻdes. La rĂ©duction des secrĂ©tions de cortisone liĂ©es au stress par l’antidĂ©presseur a Ă©tĂ© bloquĂ©e par un antagoniste des rĂ©cepteurs CB 1. (Source : Hill MN, et al. Neuropsychopharmacology, le 10 mai 2006; [publication Ă©lectronique avant impression])