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IACM-Bulletin du 9 janvier 2013

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Science/Homme — une Ă©tude indique que les consommateurs de cannabis prĂ©sentent un risque moindre de dĂ©velopper le diabĂšte mellitus

Une Ă©tude incluant 10 896 citoyens des Etats-Unis consommateurs de cannabis indique que ceux-ci prĂ©sentent un risque moindre de dĂ©velopper le diabĂšte mellitus que les non consommateurs. Le docteur Tripathi B. Rajavashisth, David Geffen School of Medicine, universitĂ© de Californie Ă  Los Angeles, a conduit cette Ă©tude. Les auteurs se sont servis d’informations issues du sondage National Health and Nutrition Examination Survey conduit par le National Center for Health Statistics des Centers for Disease Control and Prevention. L’étude distinguait quatre groupes : ceux qui ne consomment pas (61.0%), ceux qui ont consommĂ© (30.7%), des consommateurs modĂ©rĂ©s (5.0%) et des consommateurs rĂ©guliers consommant plus de cinq fois par mois (3.3%).

Les consommateurs de cannabis prĂ©sentent un risque plus faible de dĂ©velopper un diabĂšte (rapport de 0.42). Dans un modĂšle statistique dĂ©terminant socio-dĂ©mographique, le risque a diminuĂ© davantage (rapport de 0.36), ce qui signifie que le risque dĂ©croit de 36% par rapport aux non-consommateurs de cannabis. Les auteurs ont conclu : « que la consommation de cannabis est associĂ©e Ă  une prĂ©valence moindre de diabĂšte mellitus, et que d’autres Ă©tudes sont nĂ©cessaires pour Ă©tablir s’il existe un effet direct de la marijuana sur cette pathologie ».

Rajavashisth TB, Shaheen M, Norris KC, Pan D, Sinha SK, Ortega J, Friedman TC. Decreased prevalence of diabetes in marijuana users: cross-sectional data from the National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) III. BMJ Open. 2’ fĂȘvrier 2012;2:e000494.

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Science/Homme — dans une Ă©tude clinique, le cannabis inhalĂ© a amĂ©liorĂ© la douleur neuropathique

Selon une Ă©tude clinique rĂ©alisĂ©e Ă  l’universitĂ© de Californie, menĂ©e sur 39 patients prĂ©sentant des douleurs, des doses faibles et moyennes de cannabis inhalĂ© se sont rĂ©vĂ©lĂ©es efficaces pour rĂ©duire la douleur. L’étude a Ă©tĂ© menĂ©e par le docteur Barth L. Wilsey du VA Northern California Health Care System de Sacramento. Les patients ont reçu soit une dose de cannabis inhalĂ© soit un placĂ©bo. La plupart souffrait de douleurs neuropathiques centrales ou pĂ©riphĂ©riques en dĂ©pit des traitements conventionnels prescrits.

Entre les groupes qui ont reçu soit des doses moyennes, soit des doses faibles de cannabis, iI a Ă©tĂ© notĂ© peu de diffĂ©rences. Il a fallu traiter environ trois patients pour qu’un bĂ©nĂ©ficie d’une rĂ©duction de la douleur de 30% soit constatĂ©e. Les auteurs ont notĂ© que ces rĂ©sultats « sont compatibles avec ceux des traitements traditionnels » et que les effets psychoactifs Ă©taient minimes et bien tolĂ©rĂ©s. Ils ont conclu que le cannabis vaporisĂ©, mĂȘme Ă  des doses faibles, pourrait prĂ©senter une option efficace pour les patients rĂ©sistants aux traitements habituels de la douleur neuropathique. »

Wilsey B, Marcotte T, Deutsch R, Gouaux B, Sakai S, Donaghe H. Low-Dose Vaporized Cannabis Significantly Improves Neuropathic Pain. J Pain. 10 décembre 2012. [in press]

Canada — le gouvernement dĂ©sire changer la rĂ©glementation du programme relatif au cannabis

Le 16 dĂ©cembre, le ministre de la SantĂ© Leona Aglukkaq a annoncĂ© que le gouvernement du Canada avait l’intention de modifier la maniĂšre dont les Canadiens peuvent se procurer du cannabis Ă  des fins mĂ©dicales. « La lĂ©gislation prĂ©sente a conduit Ă  des abus. Dans les dix derniĂšres annĂ©es, le programme Health Canada's Marihuana Medical Access a terriblement grossi, servant 500 personnes autorisĂ©es en 2002, Ă  plus de 26 000 aujourd’hui ».

Le gouvernement ne produira pas et ne distribuera plus le cannabis mĂ©dicinal. Des compagnies qui obĂ©issent Ă  des rĂšgles de sĂ©curitĂ© trĂšs strictes seront sĂ©lectionnĂ©es pour le faire. L‘auto-production ne sera plus autorisĂ©e au domicile. A l’avenir, les patients n’auront plus Ă  faire une demande auprĂšs du ministre de la SantĂ© (SantĂ© Canada). Les mĂ©decins signeront un document similaire Ă  une ordonnance, et les patients pourront acheter la quantitĂ© prescrite auprĂšs d’un vendeur autorisĂ©. Le gouvernement a l’intention de mettre sur pied ce nouveau systĂšme d’ici mars 2014.

communiqué de presse de Health Canada du 16 décembre2012

Allemagne — la Cour suprĂȘme a dĂ©cidĂ© que, dans le cadre de conditions strictes, les patients peuvent autoproduire leur cannabis

Dans un jugement du 7 dĂ©cembre 2012, la Cour suprĂȘme de Munster a statuĂ© que les citoyens sĂ©vĂšrement malades pourraient cultiver le cannabis dont ils ont besoin, Ă  leur domicile. Les patients, pour qui le cannabis est la seule thĂ©rapie efficace pourront en faire la demande au Federal Institute for Drugs and Medical Devices (BfArM) de Bonn, Ulrich Lau. Il sera donc possible de cultiver du cannabis chez soi, dans ce contexte d’auto mĂ©dication, dans la mesure oĂč le patient est accompagnĂ© et suivi par un mĂ©decin.

Le docteur Franjo Grotenhermen, prĂ©sident de l’association Association for Cannabis as Medicine, a indiquĂ© que cette dĂ©cision constitue une Ă©tape importante pour un meilleur approvisionnement des citoyens Allemands nĂ©cessitant une mĂ©dicamentation Ă  base de cannabis. Cela accroitra la pression sur les lĂ©gislateurs pour qu’ils amĂ©liorent l’accĂšs aux produits Ă  base de cannabis Ă  ceux qui en ont mĂ©dicalement besoin. »

La cour a stipulĂ© que les patients dont l’assurance-santĂ© couvrait le cout d’un traitement Ă  base de cannabinoĂŻdes ne pourraient pas se voir octroyer un permis de culture. Dans le cadre d’un plaignant qui souffrait de sclĂ©rose en plaques, le juge a dĂ©cidĂ© en faveur du Parquet. Le plaignant n’est pas parvenu Ă  prouver que le cannabinoĂŻde dronabinol (THC), qui lui est remboursĂ© par son assurance, n’avait pas les mĂȘmes effets que le cannabis qu’il cultivait.

Les arguments du BfArM en faveur d’un refus gĂ©nĂ©ral des autorisations de culture par les patients ont Ă©tĂ© rejetĂ©s par la Cour. La dĂ©cision indique : « s’il n’existe pas de traitement abordable, une permission de culture personnelle doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e, Ă  la discrĂ©tion du BfArM."

Un traitement Ă  base de cannabinoĂŻdes, ou de cannabis, est possible en Allemagne. Le dronabinol, le dĂ©rivĂ© synthĂ©tique nabilone, et l’extrait de cannabis Sativex, peuvent ĂȘtre prescrits. Un peu moins d’un millier de patients bĂ©nĂ©ficient de cette option. L’assurance maladie ne couvre pas les couts, Ă  l’exception du Sativex dans les cas du traitement de la spasticitĂ© due Ă  la sclĂ©rose en plaques. Il existe aussi une seconde possibilitĂ© : acheter du cannabis en pharmacie importĂ© des Pays- Bas. Un permis spĂ©cial dĂ©livrĂ© par le Federal Institute for Drugs and Medical Devices est nĂ©cessaire. 120 patients allemands en bĂ©nĂ©ficient actuellement de cette possibilitĂ©.

Le jugement de la Cour suprĂȘme n’est pas dĂ©finitif. Des mois peuvent passer, voire des annĂ©es, avant que le Federal Institute for Drugs and Medical Devices ne se conforme Ă  la dĂ©cision de justice.

Judgment of 7 December 2012, OVG NRW 13 A 414/11.

communiquĂ© de presse de l’association allemande ACM du 20 dĂ©cembre 2012.

En bref

Etats-Unis — un programme sur le cannabis mĂ©dical dĂ©bute Ă  Washington D.C

Quinze ans aprĂšs que les citoyens ont donnĂ© le feu vert au programme sur le cannabis mĂ©dical, quelques rares compagnies ont obtenu l’approbation de cultiver ou de vendre du cannabis. Les fonctionnaires de la capitale ont indiquĂ© que, d’ici quelques mois, il y aurait des magasins distributeurs.

Washington Times du 25 décembre 2012.

Science/Cellules — les endocannabinoĂŻdes stimulent les cellules sanguines Ă  libĂ©rer des agents contre les microbes.

Des concentrations trĂšs faibles de l’endocannabinoĂŻde2-AG et de l’acide arachidonique donnĂ©es Ă  certaines cellules blanches (neutrophiles) ont inhibĂ© l’infection du virus de l’herpĂšs et d’autres microbes. Les auteurs ont indiquĂ© : « Etant donnĂ© que les concentrations nanomoles de AA ou 2-AG sont suffisantes pour altĂ©rer l’infection virale, ceci suggĂšre des rĂŽles physiologiques potentiels pour les 2-AG et AA comme rĂ©gulateurs de la dĂ©fense du receveur in vivo.

Institut Universitaire de Cardiologie et de Pneumologie de Québec, Département de Médecine, Québec City, Canada.

Chouinard F, et al. J Leukoc Biol.12 décembre 2012. [in press]

Science/Animal — les rĂ©cepteurs cannabinoĂŻdes-2 influent sur la sĂ©vĂ©ritĂ© de la maladie de Huntington

Dans le modĂšle animal de la maladie d’Huntington, les animaux sans rĂ©cepteur CB2 ont montrĂ© une accĂ©lĂ©ration du dĂ©but des dĂ©ficiences moteur et un accroissement de la sĂ©vĂ©ritĂ©. Le traitement des souris avec des cannabinoĂŻdes qui se lient aux rĂ©cepteurs CB2 a augmentĂ© leur durĂ©e de vie. Les auteurs ont Ă©crit que les rĂ©sultats « permettent d’entrevoir une nouvelle approche thĂ©rapeutique de cette maladie. »

Neuroscience Program, University of California San Francisco, USA.

Bouchard J, et al. J Neurosci 2012;32(50):18259-18268.