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IACM-Bulletin du 7 février 2009

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Science — un nouveau cannabinoïde synthétique a été testé lors d’une étude clinique en phase I

Un nouvel agoniste des récepteurs cannabinoïdes (CRA13) qui se lie, comme le THC, aux récepteurs CB1 et CB2, a été développé par la société pharmaceutique Novartis et testé pour son niveau de sûreté ainsi que pour sa tolérance, et sa pharmacocinétique. Pour cela, une étude clinique en phase I a été mise en place, incluant 69 sujets en bonne santé. 7 groupes de 9 personnes ont été formés à qui on a administré par voie orale une dose unique du cannabinoïde le matin à jeun et sans prise de nourriture après le traitement, puis en augmentant le dosage progressivement, allant de 1 à 80 mg de substance, ou un placebo. Afin d’étudier les effets produits par la nourriture, les 6 personnes restantes ont reçu dans un premier temps 40 mg de CRA13 à jeun, puis, deux semaines plus tard, la même quantité de substance, mais administrée à la suite d’un petit déjeuner très calorifique et riche en matières grasses.

Les effets secondaires produits par le CRA13 sont similaires à ceux observés avec le THC ou le cannabis et variaient en fonction du dosage. Les concentrations maximales dans le sang ont été enregistrées deux heures après l’administration de la substance, là encore un peu comme avec du THC par voie orale. L’administration du cannabinoïde associé à la prise d’un repas multiplie par deux la biodisponibilité du produit. Les auteurs ont noté que la nourriture riche en graisses améliore l’absorption des composés lipophiles, ce qui a été attribué à différents facteurs y compris une meilleure solubilité de la substance.

(Source : Gardin A, Kucher K, Kiese B, Appel-Dingemanse S. CRA13, a novel cannabinoid agonist: first in human pharmacokinetics and safety. Drug Metab Dispos., du 14 janvier 2009 [publication électronique avant impression])

Monde — des cannabinoïdes synthétiques présents sur le marché illégal de la drogue

Différentes mixtures de plantes connues sous le nom de Spice, vendues depuis 2002 en Europe, au Canada et en Nouvelle-Zélande, contiennent des cannabinoïdes synthétiques qui activent les récepteurs CB1 et provoquent des effets similaires à ceux produits par le THC. Et bien que le fabricant mette en garde contre l’ingestion de ces mixtures destinées à la fumigation, la plupart des personnes achètent Spice pour la fumer. Depuis décembre 2008, trois cannabinoïdes synthétiques ont été découverts dans les mixtures conduisant récemment à une interdiction partielle de commercialisation dans plusieurs pays, y compris l’Allemagne. Au Canada, elles ont été interdites au motif que ces « préparations synthétiques sont analogues » au cannabis naturel.

Le 15 décembre 2008, la société pharmaceutique allemande THC Pharm a annoncé que la présence du JWH-018 a été prouvée comme étant l’un des composants actifs dans au moins trois variantes de Spice ; et le 19 janvier 2009, l’université de Fribourg, en Allemagne, a annoncé qu’un composant actif supplémentaire a été identifié comme étant un homologue, non davantage spécifié, du cannabinoïde synthétique CP 47,497. De plus, un autre cannabinoïde synthétique puissant, le HU-210, a été trouvé dans du Spice saisi par les services des douanes américains (US Customs & Border Protection). Du fait que de nombreux cannabinoïdes sont facilement produits par synthèse, il est attendu qu’ils peuvent aussi être facilement remplacés par des substances analogues.

Pour plus d’information :

http://en.wikipedia.org/wiki/Spice_(drug)

http://www.cbp.gov/xp/cgov/newsroom/news_releases/01142009_3.xml

http://hosted.ap.org/dynamic/stories/E/EU_GERMANY_SPICE_BAN?SITE=FLTAM&SECTION=HOME&TEMPLATE=news_generic.htm

(Sources : CBP, du 14 janvier 2009 ; Associated Press, du 21 janvier 2009 ; et autres)

En bref

Etats-Unis — Californie

Le journal The San Francisco Chronicle a annoncé le 26 janvier que malgré l’adoption en 2005 par la ville d’un un arrêté municipal stipulant que les clubs de cannabis médical étaient soumis à une autorisation délivrée par la municipalité, seulement peu de demandes correspondantes ont été enregistrées. D’après l’article, la ville aurait ainsi délivrée à ce jour dix autorisations et 13 supplémentaires qui sont en cours de traitement. Des représentants officiels de la ville ont expliqué qu’il y avait actuellement 23 clubs de cannabis médical dans la ville, alors qu’ils étaient au nombre de 40 lors du lancement du processus de régularisation en 2005. (Source : Associated Press, du 26 janvier 2009)

Etats-Unis — Nouveau-Mexique

Le Département de la Santé du Nouveau-Mexique a mis au point les règlementations régissant la délivrance des cartes spéciales ainsi que la production et la distribution relatives au programme de cannabis médical. Les nouvelles directives indiquent que les patients admis sont autorisés à posséder jusqu’à 6 onces (170 grammes) de cannabis médical (ou plus si cela est prescrit par leur médecin) et/ou 16 plantes (4 à maturité et 12 en croissance). Pour plus d’information : http://www.health.state.nm.us/marijuana.html (Source : New Mexico Department of Health)

Science — prurit

Dans des essais sur animaux (souris), des chercheurs se sont intéressés à l’effet de modulation du système endocannabinoïde sur le fait de se gratter dans le cas d’un prurit. L’inhibition de l’enzyme FAAH qui dégrade l’endocannabinoide anandamide augmentant ainsi la concentration de celui-ci, a permis aux rongeurs de moins se gratter. Les auteurs des travaux ont noté « qu’il s’agit là des premières données précliniques qui laissent suggérer que le FAAH représente une nouvelle cible de traitement du prurit sans susciter d’importants effets secondaires ». (Source : Schlosburg JE, et al. J Pharmacol Exp Ther., du 23 janvier 2009 [publication électronique avant impression])

Science — trouble bipolaire

Dans une vaste étude, incluant 3459 patients souffrant d’un trouble bipolaire, des chercheurs ont étudié les effets de la consommation de cannabis sur le cours de la maladie. Pendant les 12 mois de traitement, il a été observé que les consommateurs de cannabis respectaient moins les consignes liées aux mesures thérapeutiques, enregistraient des valeurs supérieures en termes d’intensité de la maladie en générale ainsi que des épisodes maniaques et psychotiques, comparés aux résultats obtenus chez les non consommateurs. (Source : van Rossum I, et al. J Nerv Ment Dis 2009;197(1):35-40)

Science — stress

Un groupe de chercheurs brésiliens s’est intéressé à la manière dont le cannabidiol (CBD) agit. Ainsi, un traitement à base de CBD administré à des rats a réduit le rythme cardiaque et la peur lors de tests qui provoquent des situations de stress. Ces effets ont été obtenus grâce à un bloqueur des récepteurs de la sérotonine (5-HT(1A) récepteur). Les auteurs ont conclu que « le CBD peut atténuer les réponses aiguës autonomes au stress et diminuer les conséquences émotionnelles ultérieures, en favorisant la neurotransmission par les récepteurs 5-HT(1A) ». (Source : Resstel LB, et al. Br J Pharmacol 2009;156(1):181-8)

Science — psychose

Des chercheurs suisses ont étudié le développement de troubles psychiques chez des adolescents présentant des signes infracliniques d’hallucinations. On a pu observer une rémission totale de ces signes infracliniques pour plus de la moitié ainsi qu’une une rémission d’au moins partielle pour les deux tiers de ces patients au cours d’une année. Aucun effet pouvant être attribuée à la consommation de cannabis n’a été observé. Les chercheurs ont conclu que « chez les adolescents, les signes infracliniques d’hallucinations apparaissent par le biais d’un large spectre d’états mentaux et présentent de forts taux de rémission ». (Source : Simon AE, et al. Schizophr Res, du 21 janvier 2009 [publication électronique avant impression])

Science — infarctus du myocarde

Une étude sur l’effet d’un cannabinoïde qui se lie aux récepteurs CB2 a été conduite dans le modèle animal (souris) de l’ischémie (diminution de l’apport sanguin artériel). Pour ce faire, une artère coronaire a été ligaturée pendant 30 minutes avant d’être à nouveau alimentée. Les animaux ont reçu une injection du cannabinoïde (JWH-133) cinq minutes avant la libération de l’artère permettant de réduire significativement l’intensité de l’infarctus du myocarde. Cet effet a été attribué au cannabinoïde qui a agi de manière directe pour protéger les cellules cardiaques. (Source : Montecucco F, et al. J Mol Cell Cardiol., du 7 janvier 2009 [publication électronique avant impression])