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IACM-Bulletin du 30 novembre 2002
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Science — Le cannabis peut aider dans la maladie de Parkinson
Selon une enquête menée auprès des patients, presque la moitié des personnes atteintes de la maladie de Parkinson qui ont essayé le cannabis déclare que cette substance aide à soulager leurs symptômes. Le Dr Evzin Ruzicka, neurologue à l'Université Charles de Prague (République Tchèque), a fait part de ses découvertes lors du 7e Congrès International de l'Association de la Maladie de Parkinson et des Troubles du Mouvement, qui s'est tenu du 10 au 14 novembre à Miami (Etats-Unis).
Les chercheurs ont demandé à tous les patients traités pour la maladie de Parkinson dans un centre de Prague de remplir un questionnaire sur la consommation de cannabis et plusieurs symptômes de la maladie de Parkinson. Sur les 630 questionnaires envoyés, 339 (54%) ont été retournés. Parmi les réponses, 25% des personnes questionnées ont indiqué avoir utilisé le cannabis. La plupart l'avait consommé par voie orale, soit des feuilles fraîches ou sèches.
Dans ce groupe, 39 patients (46%) ont indiqué ressentir une atténuation générale des symptômes de la maladie de Parkinson après le début de la consommation de cannabis. 26 (31%) ont indiqué ressentir une amélioration dans les tremblements au repos et 38 (45%) ont ressenti un soulagement de la bradykinésie. Un soulagement de la rigidité musculaire a été indiqué par 32 (38%), et 12 (14%) ont déclaré ressentir une amélioration de la dyskinésie provoquée par levodopa. Les personnes interrogées ont indiqué que l'amélioration des symptômes s'est produite en moyenne 1 mois et 7 semaines après avoir commencé à consommer du cannabis. Les patients qui en consommaient depuis au moins trois mois étaient plus susceptibles de ressentir un soulagement des symptômes que ceux qui avaient une expérience moins longue.
(Source : Reuters Health du 13 novembre 2002)
Royaume-Uni — La British Lung Foundation met en garde contre le cannabis fumé
Un rapport sur les risques liés au cannabis fumé, publié par la British Lung Foundation, a attiré l'attention des media. Le rapport arrive à des conclusions similaires à celles des analyses précédentes des études disponibles.
Il indique que les concentrations d'agents cancérigènes connus "sont jusqu'à 50% plus importantes dans la fumée d'une cigarette de cannabis" comparé à la fumée des cigarettes de tabac, que fumer une cigarette de cannabis résulte "en quantités quatre fois plus importantes de goudron inhalé," dû à une inhalation retenue plus longtemps et d'autres facteurs et que "3 à 4 cigarettes de cannabis par jour sont associées avec la même observation de bronchite aiguë et chronique et le même degré de lésions de la muqueuse bronchique que 20 cigarettes de tabac ou plus par jour."
Le rapport note que "la recherche qui associe la fumée de cannabis au développement du cancer de l'appareil respiratoire existe bien qu'il y ait eu des découvertes contradictoires" et que la preuve concernant "un possible lien entre la fumée de cannabis et la Bronchopneumopathie Chronique Obstructive (COPD) n'a pas encore été établi de façon probante." La COPD inclut des maladies telles que la bronchite chronique et l'emphysème.
Le rapport indique que le cannabis actuel pourrait être plus dangereux comparé au cannabis d'il y a 30 ans car il contient des quantités plus importantes de THC. Cependant, le rapport ne mentionne pas qu'un pourcentage plus élevé de THC permet de fumer moins de cannabis pour obtenir le même effet, ce qui présente un avantage concernant les lésions possibles de l'appareil respiratoire.
Le rapport met en garde contre la fumée de cannabis et l'asthme tout en concédant que le cannabis peut aussi être pris par voie orale sans aucun dommage pour les poumons, mais en déclarant que "la prise orale de THC a également montré causer des effets secondaires indésirables," - ce qui est cependant vrai pour tous les médicaments anti-asthmatiques.
(Source : British Lung Foundation. A smoking gun. Disponible sur : http://www.lunguk.org/news/a_smoking_gun.pdf, PA News du 10 novembre 2002, Reuters du 11 novembre 2002)
En bref
Science — Consommation de cannabis et troubles mentaux
Il est établi que les personnes ayant des problèmes mentaux tels que schizophrénie, anxiété et dépression ont un taux de dépendance à la consommation de tabac, de cannabis et d'alcool plus élevé. De plus, un rapport de cause à effet de ces problèmes a été proposé pour la dépendance à l'alcool et la consommation de cannabis. Trois études publiées dans le British Medical Journal supporte la supposition d'un rapport de causalité entre la consommation de cannabis et les maladies mentales, au moins chez quatre jeunes usagers de cette substance.
Une étude Australienne portant sur 1.601 élèves a découvert que les adolescentes qui consommaient du cannabis quotidiennement avaient cinq fois plus de chance de souffrir de dépression et d'anxiété plus tard que les autres adolescents, alors qu'il n'y avait pas de risque accru chez les adolescents garçons.
Dans une étude portant sur 1.037 personnes nées en Nouvelle-Zélande entre 1972 et 73, celles qui avaient commencé à consommer du cannabis à l'âge de 15 ans avaient quatre fois plus de chance de souffrir de "troubles schizophréniformes" - mais non de schizophrénie - à l'âge de 26 ans que les adolescents qui ne consommaient pas cette substance. Après avoir maîtrisé les symptômes psychotiques apparus à l'âge de 11 ans, la légère augmentation du risque n'était plus significative, ce qui suggère que les adolescents qui présentent déjà des risques élevés de développer plus tard des problèmes de santé mentale sont aussi les plus susceptibles de fumer du cannabis. Au contraire de l'étude Australienne, l'étude Néo-zélandaise n'a pas trouvé d'association entre consommation de cannabis à l'âge de 15 ans et problèmes dépressifs plus tard.
Une autre étude portant sur 50.087 Suédois de sexe masculin, âgés de 18 à 20 ans, a montré que la consommation de cannabis augmentait le risque de schizophrénie dans les 15 années suivantes de 30% et que le risque augmentait avec l'augmentation de la consommation. Sur 1.648 sujets ayant consommé du cannabis, 18 (1,1%) ont développé une schizophrénie. Sur 70 sujets qui consommaient cette substance plus de 50 fois, 4 (5,7%) ont développé une schizophrénie.
Invités à émettre un commentaire, le Dr Joseph Rey et le Dr Christopher Tennant de l'Université de Sydney ont déclaré dans le même journal que ces découvertes ainsi que d'autres "renforcent l'argument selon lequel la consommation de cannabis augmente le risque de schizophrénie et de dépression", mais que cela reste à éclaircir "savoir si la consommation de cannabis déclenche l'apparition de la schizophrénie ou de la dépression chez des personnes autrement vulnérables, ou si elle cause réellement ces conditions chez des personnes non prédisposées n'est pas encore déterminé."
(Source: British Medical Journal du 23 novembre 2002 at: www.bmj.com)
Science — Journal of Cannabis Therapeutics
Le nouveau numéro du Journal of Cannabis Therapeutics, volume 2(3/4), vient de paraître. Vous trouverez les abstracts de tous les articles et le texte complet d'une analyse historique sur l'utilisation du cannabis en obstétrique et en gynécologie par Ethan Russo sur : www.cannabis-med.org/science/jcant.htm
Espagne — Assemblée de la SEIC
La Sociedad Española de Investigación sobre Cannabinoides (Association Espagnole d'Etude sur les Cannabinoïdes) a tenu sa troisième assemblée annuelle les 15 et 16 novembre à Malaga. Plus d'informations sur : http://www.ucm.es/info/seic-web
Slovénie — Conférence sur l'usage médical
Une conférence sur l'usage médical du cannabis a eu lieu le 18 novembre à l'Hôpital Général de Ljubljana, organisée par le Bureau du Gouvernement pour les Drogues. Parmi les intervenants, Willem Scholten, William Notcutt, Brendan Hughes et Henrie Korthout.
Science — Cannabis et cognition
Une consommation très importante de cannabis pourrait être associée à un déclin permanent de la performance cognitive. Les participants ont été regroupés selon le nombre de cigarettes de cannabis fumées par semaine en consommateurs légers (2 à 14 joints, moyenne : 11), consommateurs moyens (18 à 70 joints, moyenne : 42) et consommateurs lourds (78 à 117 joints, moyenne : 94). Après 28 jours d'abstinence, les participants ont réalisé un certain nombre de tests neurocognitifs. Les consommateurs très lourds ont eu des résultats significativement moins bons sur 5 des 35 tests comparés aux consommateurs légers, ce qui suggère des effets irréversibles. La mémoire, la fonction d'exécution, la vitesse psychomotrice et la dextérité manuelle étaient affectées. (Source: Bolla KI, et al. Neurology 2002 Nov 12;59(9):1337-43)
Science — Cannabis et psychose
La consommation de cannabis n'a pas été associée au développement de psychose dans un groupe à très haut risque. 100 jeunes personnes identifiées par la présence de symptômes psychotiques, ou une combinaison d'antécédents familiaux de premier degré relatifs à un trouble psychotique et à un déclin fonctionnel récent ont été suivies pendant une période de 12 mois. 32% ont développé un épisode psychotique aigu. Le risque n'était pas associé au niveau de consommation de cannabis avant le recrutement pour l'étude. Les auteurs concluent que les résultats suggèrent que la consommation de cannabis ne joue pas un rôle important dans le développement de la psychose dans un groupe à haut risque pour cette maladie. (Source: Phillips LJ, et al. Aust N Z J Psychiatry 2002 Dec;36(6):800-6.)