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IACM-Bulletin du 22 mars 2006
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Science Royaume-Uni â des rĂ©sultats mitigĂ©s aprĂšs une Ă©tude sur le sativex visant Ă traiter la spasticitĂ© de la sclĂ©rose en plaques
Le 17 mars, GW Pharmaceuticals a prĂ©sentĂ© les rĂ©sultats dĂ©cevants d'une Ă©tude clinique en phase III avec l'extrait de cannabis sativex, menĂ©e auprĂšs de 335 personnes atteintes de spasticitĂ© liĂ©e Ă la sclĂ©rose en plaques (SEP). La sociĂ©tĂ© pharmaceutique a dĂ©clarĂ© que les patients atteints de SEP qui avaient suivi le protocole dâĂ©tude auraient trĂšs bien pu profiter du traitement. Or une analyse basĂ©e sur les rĂ©sultats de tous les participants â peu importe quâils aient suivi le protocole ou pas - n'a pas rĂ©vĂ©lĂ© de bĂ©nĂ©fices statistiquement significatifs du sativex comparĂ© au placebo.
Il est probable que de tels rĂ©sultats puissent repousser la date de la demande de classification et lâautorisation de mise sur le marchĂ© du sativex par GW Pharmaceuticals en Grande-Bretagne. Justin Gover, directeur de GW, a dĂ©clarĂ© Ă l'agence Reuters que « concernant le dĂ©pĂŽt de demande dâautorisation, nous avons tout dâabord besoin dâun dĂ©lai. Ensuite, nous dĂ©ciderons sâil vaut mieux mettre le paquet pour faire avancer la demande ou si, au contraire, il ne serait pas plus astucieux dâattendre dâabord les rĂ©sultats de lâĂ©tude des effets sur les douleurs liĂ©es Ă une neuropathie.»
Lâensemble des patients, qui ont participĂ© Ă lâĂ©tude prĂ©sentĂ©e le 17 mars, a pris les meilleurs mĂ©dicaments disponibles sur le marchĂ© pour traiter la spasticitĂ© et les a absorbĂ©s pendant tout le temps de lâessai clinique. Par consĂ©quent, les amĂ©liorations observĂ©es au cours de l'Ă©tude ont Ă©tĂ© obtenues en supplĂ©ment de tous les traitements Ă base de mĂ©dicaments disponibles aujourd'hui. Lâobjectif premier a Ă©tĂ© la rĂ©duction de la spasticitĂ©, mesurĂ©e sur une Ă©chelle allant de 0 Ă 10, pendant 14 semaines environ.
(Sources : communiqués de presse de GW Pharmaceuticals du 17 mars 2006, Reuters du 17 mars 2006)
Science â le THC rĂ©duit lâagitation nocturne chez des patients atteints de la maladie dâAlzheimer
Des scientifiques de lâhĂŽpital CharitĂ© de Berlin ont observĂ© un effet positif du THC sur lâagitation nocturne, lors dâune petite Ă©tude menĂ©e avec six patients atteints de dĂ©mence avancĂ©e (dont cinq patients « Alzheimer »). Les patients ont reçu pendant deux semaines une dose de 2,5 mg de THC administrĂ©e le soir. Une rĂ©duction de lâactivitĂ© motrice nocturne, mesurĂ©e Ă lâaide dâun appareil placĂ© sur le bras, a Ă©tĂ© observĂ©e de façon objective chez tous les participants. Les mouvements pendant le sommeil ont ainsi pu ĂȘtre rĂ©duits de 59 % en moyenne, par rapport Ă l'agitation mesurĂ©e avant le traitement.
ParallĂšlement Ă lâĂ©tude, les chercheurs ont menĂ© une enquĂȘte, au moyen dâun questionnaire standardisĂ© (Neuropsychiatric Inventory), sur les symptĂŽmes neuropsychologiques. Les rĂ©sultats ont rĂ©vĂ©lĂ© une influence positive du THC sur le comportement moteur, lâĂ©tat dâagitation, lâirritabilitĂ© et les troubles de l'appĂ©tit des patients. Des effets secondaires nâont pas Ă©tĂ© observĂ©s. Cette nouvelle Ă©tude confirme les rĂ©sultats des recherches menĂ©es en 1997 et 2003, selon lesquelles le THC peut rĂ©duire l'agitation chez des patients atteints de la maladie d'Alzheimer.
Or, avec les mĂ©dicaments actuellement disponibles tels que les neuroleptiques, le traitement de l'agitation est insuffisant. Les auteurs de lâĂ©tude font remarquer que le THC reprĂ©sente une nouvelle possibilitĂ© de traitement pour ce groupe de patients. Il pourrait notamment ĂȘtre utile pour Ă©viter des hospitalisations longues et coĂ»teuses des patients « Alzheimer ». De plus, il est mĂȘme envisageable quâune augmentation des doses pourrait avoir une efficacitĂ© thĂ©rapeutique supĂ©rieure.
(Source : Walther S, Mahlberg R, Eichmann U, Kunz D. Delta-9-tetrahydrocannabinol for nighttime agitation in severe dementia. Psychopharmacology (Berl) du 7 mars 2006; [version Ă©lectronique avant impression])
Science â la consommation rĂ©guliĂšre mais modĂ©rĂ©e de cannabis nâaltĂšre pas la mĂ©moire ni lâattention
Des scientifiques de lâuniversitĂ© de Utrecht (Pays-Bas) nâont pas dĂ©couvert de diffĂ©rence dans les rĂ©sultats des tests mesurant le travail de mĂ©moire et lâattention sĂ©lective, sur un groupe de consommateurs rĂ©guliers et modĂ©rĂ©s de cannabis face Ă un groupe de non consommateurs. De mĂȘme, aucune diffĂ©rence dans le modĂšle de l'activitĂ© cĂ©rĂ©brale, mesurĂ©e au moyen dâimagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique (IRM) nâa pu ĂȘtre dĂ©tectĂ©e entre les deux groupes. Cependant, en regardant de plus prĂšs lâactivitĂ© cĂ©rĂ©brale, les chercheurs ont remarquĂ© une altĂ©ration significative dans une petite zone situĂ©e dans le cortex gauche.
Jusqu'Ă ce jour, les consommateurs rĂ©guliers de cannabis ont fumĂ© au total et en moyenne entre 675 et 5400 cigarettes de cannabis au cours de leur vie et entre 75 et 900 cigarettes au cours de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente (en moyenne 350 cigarettes). Quant aux non consommateurs, ils ont fumĂ© en tout entre 0 et 15 cigarettes de cannabis. Lors du test Ă©valuant le travail de mĂ©moire, les participants ont dĂ» mĂ©moriser cinq consonnes diffĂ©rentes. Plus tard, on leur a montrĂ© un certain nombre de consonnes et ils devaient appuyer sur un bouton dĂšs lâapparition dâune des consonnes mĂ©morisĂ©es auparavant. Lors du test Ă©valuant lâattention sĂ©lective, les participants ont dĂ» reconnaĂźtre des tonalitĂ©s, qui Ă©taient plus aigues ou plus basses quâune tonalitĂ© donnĂ©e ainsi que des points plus petits ou plus grands quâun point de rĂ©fĂ©rence.
Les chercheurs en ont conclu quâils « nâont pas trouvĂ© dâindications dĂ©signant une dĂ©ficience soutenue et prolongĂ©e de la mĂ©moire et de lâattention sĂ©lective chez des consommateurs rĂ©guliers et modĂ©rĂ©s de cannabis aprĂšs une semaine dâabstinence ». Ils ont nĂ©anmoins ajoutĂ© qu'en raison des diffĂ©rences mises en lumiĂšre dans une rĂ©gion cĂ©rĂ©brale, impliquĂ©e dans le travail de mĂ©moire, lors des exercices « ils ne pouvaient pas exclure totalement lâimplication des effets du cannabis sur la fonction cĂ©rĂ©brale ». DâaprĂšs eux, les Ă©tudes rĂ©alisĂ©es auparavant auraient stigmatisĂ© seulement les grands consommateurs de cannabis et de ce fait ne pouvaient sâappliquer aux consommateurs occasionnels de cannabis.
(Source : Jager G, Kahn RS, Van Den Brink W, Van Ree JM, Ramsey NF. Long-term effects of frequent cannabis use on working memory and attention: an fMRI study. Psychopharmacology (Berl) du 7 mars 2006 [version Ă©lectronique avant impression])
En bref
Argentine â utilisation du cannabis Ă des fins mĂ©dicales
Câest une premiĂšre en Argentine. La justice a considĂ©rĂ© que la possession de cannabis pour la consommation personnelle pourrait ĂȘtre justifiĂ©e, se elle sâinscrivait dans le cadre dâune utilisation Ă des fins mĂ©dicales. Une cour dâappel a annulĂ© la condamnation dâune femme en premiĂšre instance, jugĂ©e coupable dâavoir Ă©tĂ© en possession de cannabis. Lâexplication du verdict en appel soulĂšve le point des motifs de la possession, Ă savoir lâignorance par le tribunal dâinstance de la destination pour usage mĂ©dical du produit incriminĂ©. MarĂa Romilda Servini de CubrĂa a indiquĂ© quâelle consommait du cannabis afin de calmer ses douleurs provoquĂ©es par une maladie de la colonne vertĂ©brale et pour amĂ©liorer la qualitĂ© de son sommeil. (Source : El Pais du 13 mars 2006)
Allemagne â Ă©tude relative aux poursuites pĂ©nales
Selon une Ă©tude de lâInstitut Max Planck relative au droit pĂ©nal aux niveaux national et international, il y aurait d'importantes disparitĂ©s en terme de poursuites pĂ©nales pour violation de la loi sur les stupĂ©fiants entre les diffĂ©rents « LĂ€nders » en Allemagne. Selon une Ă©tude ordonnĂ©e par le ministĂšre allemand de la santĂ©, « en BaviĂšre, jusquâĂ 60 % des dĂ©lits relatifs Ă la consommation de cannabis se soldent sans poursuites judiciaires contre jusquâĂ 90 % dans le Schleswig-Holstein et Berlin. Ces disparitĂ©s se sont prĂ©sentĂ©es « Ă la lumiĂšre des prescriptions du tribunal constitutionnel comme Ă©tant problĂ©matiques ». En effet, ce dernier a exigĂ© des responsables politiques en 1994, Ă ce quâils veillent Ă un exercice du droit aussi homogĂšne que possible. (Source : communiquĂ© de presse de lâInstitut Max Planck du 9 mars 2006)
Science â arthrite
Dans une Ă©tude portant sur des cellules cartilagineuses, des chercheurs britanniques ont testĂ© lâaction de deux cannabinoĂŻdes synthĂ©tiques sur la dĂ©gradation de composants du cartilage induite par lâinterleukine-1 gamma. Celle-ci est une protĂ©ine qui participe au processus inflammatoire. L'Ă©tude a rĂ©vĂ©lĂ© que les cannabinoĂŻdes ont eu un effet protecteur sur la structure du cartilage avant sa dĂ©gradation, probablement par le biais des rĂ©cepteurs aux cannabinoĂŻdes. (Source : Mbvundula EC, et al. J Pharm Pharmacol 2006;58(3):351-8)
Etats-Unis â sondage sur la lĂ©galisation
Selon un sondage, mené par Zogby International, 46 % des citoyens américains sont pour une modification de la loi fédérale "qui permettrait aux divers Etats de réglementer et de taxer la marijuana comme les alcools et les loteries". 49 % de personnes se sont prononcées contre la modification de la loi et 5 % se sont abstenues, sur un total de 1004 personnes interrogées. (Source : NORML du 16 mars 2006)
Etats-Unis â Steve Kubby
Selon une source officielle, Steve Kubby de Californie, militant pour l'utilisation mĂ©dicale du cannabis, qui, en dĂ©but dâannĂ©e a Ă©tĂ© contraint Ă retourner aux Etats-Unis, serait sorti de prison aprĂšs avoir purgĂ© un tiers de sa peine de 4 mois dâemprisonnement. Il aurait Ă©tĂ© libĂ©rĂ© pour bonne conduite et pour le soustraire Ă la promiscuitĂ©. En 2001, il s'Ă©tait rĂ©fugiĂ© au Canada aprĂšs une condamnation pour possession de substances hallucinogĂšnes. (Source : Associated Press du 7 mars 2006)