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IACM-Bulletin du 21 décembre 2013
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Science/Homme — Selon une étude menée à l’Université d’Harvard le cannabis ne cause pas la schizophrénie
Une nouvelle étude menée à l’Université d’Harvard pourrait rejeter les inquiétudes sur le lien entre consommation de cannabis et schizophrénie. Alors que certains débattent de la possibilité que le cannabis puisse causer la schizophrénie, des chercheurs de la Harvard Medical School ont indiqué « qu’il reste encore à prouver que la consommation de cannabis cause la schizophrénie. » Leur étude, publiée la semaine dernière dans le journal Schizophrenia Research, consacre le rôle des facteurs génétiques dans la schizophrénie, et confirme que la consommation de cannabis, à elle seule, n’augmente pas le risque de développer des psychoses.
« En résumé, nous concluons que la consommation de cannabis ne cause pas la schizophrénie. Pour les individus génétiquement vulnérables, le cannabis peut interférer sur le début, la sévérité et l’issue de la maladie, mais cette étude ne permet pas de dire que le cannabis cause la schizophrénie. » L’équipe de recherche, menée par le docteur Lynn DeLisi, professeur de psychiatrie à l’ Harvard Medical School, a comparé les histoires familiales de 108 patients schizophrènes et de 171 personnes non schizophrènes afin de déterminer si la consommation de cannabis était un facteur de développement des psychoses. Les chercheurs ont trouvé que, si l’histoire familiale présente une pathologie de schizophrénie, le risque de développement de la schizophrénie augmente, qu’il y ait consommation de cannabis ou pas. Les auteurs ont conclu que les résultats de l’étude actuelle suggèrent qu’un risque accru de morbidité familiale de la schizophrénie pourrait constituer la base de la schizophrénie des consommateurs de cannabis, et non pas le cannabis à lui seul. »
Leaf Science du 8 décembre 2013.
Uruguay — Premier pays à légaliser le commerce du cannabis
Le 10 décembre, l’Uruguay est devenu le premier pays à légaliser la culture, la vente et la consommation du cannabis. Le gouvernement a parrainé une proposition de loi approuvée par 16 votes contre 13 au Sénat, et destinée à juguler dans la petite nation sud-américaine ce commerce actuellement aux mains des trafiquants. Les consommateurs de cannabis pourront acheter une quantité maximum de 40 grammes par mois dans des dispensaires légaux, dans la mesure où la résidence de la personne est en Uruguay, et que l’âge est supérieur à 18 ans. Il est aussi nécessaire d’être enregistré dans la base de données du gouvernement qui pourra surveiller mensuellement les achats.
Dans 120 jours, quand la loi sera mise en application, les Uruguayens auront le droit de cultiver jusqu’à six plants de cannabis par an, à leur domicile ou l’équivalent maximum de 480 grammes (environ 17 onces). Il sera aussi permis de former des clubs de 15 à 45 membres qui auront le droit de cultiver jusqu’à 99 plants par an.
Les consommateurs de cannabis enregistrés devraient pouvoir commencer à acheter du cannabis auprès des dispensaires en avril. « En avril, nous allons entreprendre une nouvelle expérience. Cela représente un changement culturel important qui se concentre sur la santé du public et sur la lutte contre le trafic, » a indiqué à Reuters, le sénateur Lucía Topolansky. Cette tentative uruguayenne d’étouffer le trafic de drogue est observée de près en Amérique latine où la légalisation de quelques narcotiques est perçue de plus en plus par les dirigeants nationaux comme une possibilité d’en finir avec la violence qu’entraine le commerce de drogue.
Etats-Unis — American Herbal Pharmacopoeia annonce la finalisation d’unemonographie historique sur le cannabis
Le 10 décembre, l’American Herbal Pharmacopoeia (AHP) a annoncé l’achèvement de sa monographie sur le cannabis. La publication fournit des standards d’identification, de pureté, d’analyse, de quantité, et des informations sur la culture et le stockage de la plante et de ses préparations. Selon le président de l’AHP Roy Upton, le cannabis a presque toujours été utilisé depuis le début de l’écriture et bien avant dans l’antiquité, comme les indices archéologiques le prouvent. Cette monographie aura une suite : un Therapeutic Compendium qui présentera un examen des données scientifiques et historiques mondiales sur l’usage de la plante. C’est l’association Americans for Safe Access qui a suggéré la préparation de cette monographie.
Selon les dires d’Upton, cette monographie est historique car elle constitue la première monographie de pharmacopée sur le cannabis développée aux Etats-Unis depuis plus de 70 ans. La première avait été introduite dans la pharmacopée des Etats-Unis en 1850, et avait été supprimée de cet ensemble lors de la 12e édition en 1942. Etant donnée l’étendue de l’usage du cannabis, il est important qu’il puisse exister des guides de contrôle de la qualité, que le cannabis soit destiné à un usage médicinal ou récréatif. » Plusieurs membres de l’IACM ont participé à l’élaboration de ce livre ; Il s’agit principalement de Mahmoud ElSohly, Ethan Russo, Vincenzo Di Marzo, Rudolf Brenneisen, Franjo Grotenhermen et Raphael Mechoulam.
La monographie sera disponible pour Noël. Pour la commander, voici les références : American Herbal Pharmacopoeia
Science/Homme — De nombreux patients consomment du cannabis comme substitut à l’alcool ou à d’autres drogues
Un grand nombre de citoyens canadiens qui consomment du cannabis médicinal le font comme un substitut à l’alcool ou à d’autres produits illégaux ou à des médicaments. Ces indications proviennent d’une étude des chercheurs du Centre for Addictions Research, Victoria, Canada et d’autres instituts qui ont utilisé les données provenant de quatre dispensaires de cannabis médicinal de Colombie britannique. L’étude comprenait 44 questions anonymes et destinées à réunir des données sur la consommation de cannabis médicinal en remplacement de la consommation d’autres substances.
41% des participants ont indiqué consommer du cannabis en tant que substitut à l’alcool (n=158). 36,1% consomment du cannabis en tant que substitut à d’autres substances illégales (n=137), et 67,8% en tant que substitut à un médicament prescrit (n=259). Les trois raisons principales citées sont moins d’effet de manque, moins d’effets secondaires, et une meilleure gestion des symptômes. Les chercheurs ont conclu que des essais cliniques randomisés sur la substitution du cannabis pour une consommation problématique ne sont pas justifiés.
En bref
Maroc — Le parti politique PAM introduit au Parlement le débat sur la légalisation du cannabis
Un des partis politiques principaux, le groupe parlementaire PAM, a entamé le processus de légalisation du cannabis par une audition informelle devant la chambre des représentants, à propos des usages médicinaux et industriels de cette plante. Cette audition à l’initiative du groupe Parlementaire Authenticité et Modernité (PAM) constitue le premier pas vers l’introduction d’un projet de loi destinée à légaliser la culture du cannabis très largement répendue, et qui représente un pilier de l’économie du nord montagneux de ce pays.
Associated Press du 4 décembre 2013
Jamaïque — Le pays lance sa première entreprise de cannabis médicinal
La Jamaïque a indiqué la création de la première entreprise de production de cannabis médicinal. Le ministre de l’Industrie, de l’Investissement et du Commerce jamaïcain, Anthony Hylton, a pris part à cette cérémonie dans la capitale Kingston, le 3 décembre, où la création de la compagnie nommée MediCanja, a été formellement annoncée. Dans un premier temps, l’entreprise se concentrera sur la recherche et le développement de produit contenant du cannabidiol (CBD), ont indiqué les responsables de celle-ci.
Economy — Brevet d’utilisation des cannabinoïdes pour traiter les tumeurs au cerveau
La compagnie GW Pharmaceuticals a annoncé que l’United States Patent and Trademark Office (USPTO) (ou bureau des brevets) a donné une autorisation pour un brevet qui couvre l’usage des cannabinoïdes pour traiter des gliomes. Un gliome est une tumeur issue du tissu glial. Le brevet précise une méthode de traitement des gliomes de l’homme en combinant deux substances : le cannabidiol (CBD) et le THC dans un rapport de 1:1 à 1:20 pour les cannabinoïdes.
Press Release by GW Pharmaceuticals of 11 December 2013
Europe — Organisation de l’OEDT (observatoire des drogues et des toxicomanies)
L’ OEDT, l’observatoire des drogues et des toxicomanies, a publié un document de 24 pages recensant les organisations impliquées dans une réforme de la législation des drogues. Il a été identifié 218 organisations dans 30 pays qui cherchent à influencer la législation en place.
Science/Cellules — Nouveau mécanisme sur les actions du CBD
Des chercheurs se sont intéressés aux mécanismes d’action du CBD sur les cellules microgliales du cerveau. Ils ont trouvé que le CBD change la fonction des mitochondries et réduit l’action de certaines protéines sur la membrane mitochondriale externe, appelée VDAC1. Les mitochondries sont des générateurs d’énergie de nos cellules. Les chercheurs ont écrit que « l’inhibition de VDAC1 par le CBD pourrait être responsable des effets anticancéreux et immunosuppresseurs du CBD.
Department of Physiology and Pharmacology, Faculty of Medicine, Tel Aviv University, Israel.
Rimmerman N, et al. Cell Death Dis. 2013 Dec 5;4:e949
Science/Animal — Les acides aminés des protéines des graines de chanvre pourraient réduire la pression artérielle
Une nouvelle étude menée sur des rats présentant de l’hypertension suggère que les hydrolysats de protéine des graines de chanvre « pourraient être utilisés en tant que nouvel agent thérapeutique pour le traitement et la prévention de l’hypertension. » Les hydrolysats de protéine sont, pour une vitesse maximum d’absorption, des acides aminés prédigérés par le biais d’enzymes. L’hydrolysat de protéine des graines de chanvre a prévenu l’hypertension des jeunes rats et a réduit l’hypertension des sujets plus âgés.
Department of Human Nutritional Sciences, University of Manitoba, Winnipeg, Canada.
Girgih AT, et al. Eur J Nutr. 29 novembre2013. [in press]
Science/Cellules — Les cannabinoïdes pourraient augmenter l’efficacité des radiothérapies des cancers du sein
Dans une étude menée sur les cellules cancéreuses de l’homme, un cannabinoïde synthétique(WIN55,212-2) a augmenté l’efficacité de la radiothérapie. Il a favorisé l’autophagie ou dégradation des cellules cancéreuses. Les auteurs ont aussi écrit que « l’étude actuelle suggère que le THC et la nabilone n’interféreront pas avec l’efficacité de la thérapie de radiation, qui est particulièrement pertinente pour les patients utilisant des médicaments à base de cannabinoïdes visant à améliorer la toxicité des thérapies du cancer. »
Virginia Commonwealth University, Richmond, USA.
Emery SM, et al. J Pharmacol Exp Ther. 2013 Nov 20. [in press]
Science/Animal — L’anandamide pourrait faire augmenter la vulnérabilité des plaques athérosclérotiques
Il a été démontré que l’inhibition de l’endocannabinoïde dégradant l’acide hydrolase d’amide augmente la vulnérabilité de la plaque athérosclérotique des souris. Cette inhibition provoque une augmentation de la concentration de l’endocannabinoïde anandamide. L’inhibition du FAAH a été sans effet sur la taille de la plaque.
Klinik II für Innere Medizin, Universität Bonn, Germany.
Hoyer FF, et al. J Mol Cell Cardiol. 2013 Nov 25. [in press]
Etats-Unis — Bill Clinton indique que les positions relatives à la légalisation du cannabis évoluent
L’ancien président Bill Clinton indique que les positions relatives à la légalisation du cannabis se relâchent. « La position relative à l’usage des drogues devrait être déterminée par chaque population en fonction de la croyance en vigueur, a indiqué Clinton dans une interview. Aux Etats-Unis, il existe une procédure qui est revisitée Etat par Etat. Et l’Amérique latine est libre de faire la même chose. »