IACM-Bulletin du 2 juin 2008

Etats-Unis — Barack Obama, s’il est élu président, pourrait mettre fin aux mesures judiciaires employées par les administrations fédérales dans les états ayant une loi sur le cannabis médical

Selon un article publié dans le San Francisco Chronicle, le sénateur Barack Obama déclare de plus en plus ouvertement son soutien aux états ayant adopté une loi sur le cannabis médical afin qu’ils définissent eux-mêmes un règlement approprié et à la cessation des interventions de l'administration fédérale. La position de sa rivale démocrate, la sénatrice Hillary Clinton, est en revanche beaucoup moins explicite. Dernièrement, elle est allée jusqu’à exiger davantage de modération quant à l’interprétation d’une de ses promesses faites tout au début de sa candidature à l’investiture démocrate à la présidence, selon laquelle elle souhaitait mettre fin aux descentes de police dans les états ayant une loi respective. Quant au sénateur John McCain, candidat du Parti républicain, les réponses à cette question sont à double tranchant : d’un côté, lors d’une de ses campagnes, il a promis à un consommateur de cannabis médical qu'aucune personne atteinte d'une maladie grave ne devrait craindre d’être arrêtée sous l'administration McCain, alors que, de l’autre côté, le candidat a fini par approuver publiquement les procédures employées par le gouvernement Bush concernant les descentes de police et les poursuites judiciaires dans les états ayant adopté une loi sur le cannabis médical.

Parmi ces trois candidats, seul le camp Obama a répondu aux questions récemment posées par le San Francisco Chronicle et concernant les états qui ont légalisé l’utilisation du cannabis à des fins médicales. Ben LaBolt, porte-parole de la campagne a expliqué : « Obama soutient les droits des états et des gouvernements locaux en ce qui concerne le choix d’une loi sur le cannabis médical – en revanche, il est persuadé que la marijuana médicale, tout comme les autres médicaments, doit être soumise au contrôle de la FDA, l’US Food and Drug Administration (Organisme américain de surveillance des aliments et des médicaments) ». Et d’ajouter que c’était à la FDA qu’incombait le travail de vérification du classement à la fois approprié et justifié du cannabis, tandis qu’il était aux états de fixer ensuite la ligne politique adéquate. Ben LaBolt a également déclaré qu’Obama souhaitait mettre un terme aux descentes de police orchestrées par la DEA (Agence américaine de lutte contre la drogue) dans les dispensaires de cannabis médical autorisés par certains états. Suite à ces déclarations, le sénateur Obama a été attaqué dans un communiqué de presse signé par le Comité national des Républicains dans lequel on pouvait lire que la position du candidat démocrate contre les descentes de la DEA « provoquait de forts doutes » quant à la légitimité de la candidature d’Obama.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur

http://www.sfgate.com/cgi-bin/article.cgi?f=/c/a/2008/05/12/MNKK10FD53.DTL

http://www.prnewswire.com/cgi-bin/stories.pl?ACCT=109&STORY=/www/story/05-14-2008/0004813895&EDATE=

(Sources : San Francisco Chronicle, du 12 mai 2008 ; communiqué de presse du RNC, du 14 mai 2008)

Science — le dronabinol s’est montré efficace dans le traitement des tics vocaux et de la dystonie chez une patiente atteinte d’une sclérose en plaques

Des chercheurs de Washington (États-Unis) ont présenté le cas d’une femme âgée de 52 ans, atteinte d’une sclérose en plaques, de dystonie spasmodique, de tics vocaux complexes et d’une dépendance au cannabis. Après lui avoir administré du dronabinol sous forme de gélules, elle a indiqué qu’elle ressentait une forte réduction des besoins de consommer du cannabis grâce au traitement oral, et ce sans ressentir des effets psychiques habituellement provoqués par le dronabinol lorsqu’elle fumait du cannabis. En outre, elle a observé une amélioration de la qualité du sommeil associée à une réduction de la fréquence des réveils pendant la nuit, une diminution des tics vocaux et de la tension intérieure associée, des peurs ainsi que de la fréquence des dystonies spasmodiques.

Le dronabinol (THC) est un cannabinoïde naturel de la plante de cannabis, le trans-isomère naturel du delta-9-THC. Le marinol de la société Solvay Pharmaceuticals, une préparation médicinale à base de THC, contient du dronabinol entièrement synthétique. Or il est également possible d’extraire le dronabinol directement de la plante, un procédé utilisé par la société néerlandaise Echo Pharmaceuticals, ou encore par isomérisation de cannabidiol, extrait du chanvre destiné à la production de fibres, appliqué par les sociétés allemandes THC Pharm et Bionorica Ethics. Quant au sativex de la société GW Pharmaceuticals, il contient un extrait de cannabis avec une teneur égale en dronabinol qu’en cannabidiol.

(Source : Deutsch SI, Rosse RB, Connor JM, Burket JA, Murphy ME, Fox FJ. Current status of cannabis treatment of multiple sclerosis with an illustrative case presentation of a patient with ms, complex vocal tics, paroxysmal dystonia, and marijuana dependence treated with dronabinol. CNS Spectr 2008;13(5):393-403.)

En bref

Etats-Unis — Minnesota

Cinquante leaders religieux de l’État du Minnesota insistent auprès de la Chambre des représentants de l’état afin que celle-ci adopte un texte permettant aux patients atteints d'une maladie grave d’utiliser le cannabis à des fins médicales et sur recommandation d'un médecin. Le clergé de neuf associations religieuses (l’Union de l’Église Méthodiste, l’Église Presbytérienne, l’Union du Judaïsme Réformé, l’Église Épiscopale, l’Union de l’Église du Christ ainsi que le clergé de congrégations catholiques, évangéliques-luthériennes et baptistaires) ont soutenu la prise de position suivante : « Des médecins diplômés ne devraient pas être poursuivis s’ils prescrivent un traitement à base de marijuana à des patients gravement malades. De même, des patients qui consomment du cannabis sur l’avis de leur médecin et auxquels l’utilisation de la drogue pourrait être bénéfique ne devraient pas non plus subir de telles poursuites. » (Source : MPP, du 12 mai 2008)

Science — inflammation intestinale

Des essais sur animaux montrent que le cannabidiol, un cannabinoïde non-psychotrope, offre un effet calmant sur l'hyperactivité des intestins enflammés. Les chercheurs ont conclu que « le cannabidiol pourrait être un bon candidat comme traitement permettant de regagner une souplesse normale des intestins chez des patients avec une maladie intestinale de type inflammatoire ». (Source : Capasso R, et al. Br J Pharmacol, le 12 mai 2008 [publication électronique avant impression])

Science — peurs

Des recherches précédentes ont démontré que l'activation du récepteur CB1 facilitait l’élimination de peurs conditionnés chez les animaux. Des travaux plus récentes confirment ce résultat et révèlent l’existence d’effets à long terme. Cela pourrait être la raison pour laquelle les produits à base de cannabis peuvent être bénéfiques pour traiter les troubles de stress post-traumatique. (Source : Pamplona FA, et al. Neurobiol Learn Mem, le 15 mai 2008 [publication électronique avant impression])

Science — douleurs

L’acétaminophène (paracétamol) est le médicament le plus utilisé pour soulager les douleurs. Or son action est inhibée par le blocage du récepteur CB1. L’acétaminiphène ne se lie pas au récepteur CB1, mais son produit métabolique, l’AM404, est un inhibiteur de la recapture des endocannabinoïdes (ce qui augmente ses actions) et un agoniste du récepteur vanilloïde. (Source : Mallet C, et al. Pain, le 14 mai 2008 [publication électronique avant impression])

Science — inflammation induite par les rayons ultraviolets

Des chercheurs de l’université du Minnesota ont révélé que les rayons ultraviolets activent directement les récepteurs aux cannabinoïdes. D’après leurs travaux, l’absence de récepteurs aux cannabinoïdes chez des souris serait le résultat d’une forte résistance aux inflammations induites par les rayons UVB et d’une réduction du cancer de la peau provoqué par les UVB. (Source : Zheng D, et al. Cancer Res 2008;68(10):3992-8.)

Science — artériosclérose

Des chercheurs de l’Institut national pour la Santé de Baltimore (États-Unis) ont découvert que les forts consommateurs de cannabis présentent un taux élevé d'apoliprotéine C-III dans le sang. Cette protéine est considérée comme un facteur de risque pour le développement d’une artériosclérose. (Source : Jayanthi S, et al. Mol Psychiatry, le 13 mai 2008 [publication électronique avant impression])