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IACM-Bulletin du 16 juin 2008
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Europe â un avocat soutient que la position de lâIrlande quant Ă lâusage du cannabis dans un cas de sclĂ©rose en plaques contrevient aux Accords de Schengen
Un avocat nĂ©erlandais soutient que le gouvernement irlandais dĂ©roge Ă ses engagements pris dans le cadre des Accords de Schengen en interdisant lâaccĂšs Ă son pays Ă un patient atteint de sclĂ©rose en plaques et qui a besoin de cannabis en tant que traitement mĂ©dical. Câest ainsi que Noel McCullagh se trouve au cĆur dâune bataille lĂ©gale qui devrait lui permettre de rentrer en Irlande en rapportant avec lui la drogue qui lui a Ă©tĂ© prescrite aux Pays-Bas. M. McCullagh, actuellement aux Pays Bas, explique quâil nâa pas pu voir ses parents depuis deux ans car les officiers irlandais lâarrĂȘteraient en dĂ©couvrant la drogue dans ses bagages.
Son avocat, Jasper Pauw, dĂ©clare que compte tenu des Accords de Schengen destinĂ©s Ă abolir les frontiĂšres des pays europĂ©ens, M. McCullagh devrait ĂȘtre autorisĂ© Ă rapporter du cannabis en Irlande. Et dâajouter que lâIrlande a signĂ© lâarticle 75 des Accords de Schengen et « quand une personne prend un mĂ©dicament dans un pays de lâEspace Schengen, et que ce mĂ©dicament y est lĂ©gal, cette personne peut aussi voyager librement Ă lâintĂ©rieur de cet espace et transporter le mĂ©dicament Ă condition de pouvoir prĂ©senter une ordonnance correspondante ». Une porte-parole du DĂ©partement de la SantĂ© publique irlandaise dĂ©clare que « toute personne entrant dans le pays avec du cannabis mĂ©dical pourrait ĂȘtre arrĂȘtĂ©e pour possession de substances illĂ©gales ce qui constitue un dĂ©lit conformĂ©ment Ă la Loi sur les stupĂ©fiants (Misuse of Drugs Act) ». Le DĂ©partement de la Justice examine actuellement cette affaire.
Plus dâinformations sur :
http://www.ireland.com/newspaper/ireland/2008/0531/1212156446070.html#
(Source: The Irish Times, du 31 mai 2008)
Science â une consommation importante et prolongĂ©e du cannabis pourrait provoquer le rĂ©trĂ©cissement de deux zones importantes du cerveau
Selon une Ă©tude menĂ©e par un groupe de chercheurs australiens, une consommation importante et prolongĂ©e du cannabis pourrait conduire au rĂ©trĂ©cissement de deux zones importantes du cerveau (lâhippocampe et le noyau amygdalien) riches en rĂ©cepteurs cannabinoĂŻdes. Les chercheurs ont comparĂ© les clichĂ©s du cerveau de 15 consommateurs de cannabis (Ăąge moyen : 39,8 ans) qui ont fumĂ© quotidiennement cinq cigarettes de cannabis pendant au moins 10 ans (durĂ©e moyenne : 19,7 ans) et de non consommateurs (Ăąge moyen : 36,4 ans). Dans le groupe des fumeurs de cannabis, le volume de lâhippocampe Ă©tait rĂ©duit en moyenne de 12 % et celui du noyau amygdalien en moyenne de 7 % par rapport aux non-fumeurs. Lâhippocampe joue in rĂŽle important pour la mĂ©moire ainsi que lâĂ©motion, et le noyau amygdalien joue un rĂŽle essentiel dans lâexpression de lâagression et de la peur. De plus, de lĂ©gers signes de troubles psychotiques ont Ă©tĂ© davantage observĂ©s chez les fumeurs de cannabis.
La publication dans les mĂ©dias de cet article a attirĂ© une grande attention. Les critiques ont fait remarquer que cette Ă©tude avait Ă©tĂ© menĂ©e avec un nombre relativement restreint de participants et que la grande majoritĂ© des consommateurs de cannabis ne consommaient pas des doses si importantes. Une Ă©tude antĂ©rieure menĂ©e par des chercheurs de lâuniversitĂ© de Harvard de Boston et publiĂ©e en 2005 nâavait pas montrĂ© une diffĂ©rence du volume moyen de lâhippocampe entre 22 personnes qui consommaient du cannabis de maniĂšre importante et depuis longtemps et 26 non-consommateurs. Les chercheurs de lâĂ©tude la plus rĂ©cente reconnaissent que leur investigation ne prouve pas que ce soit le cannabis et non pas un autre facteur qui est Ă lâorigine de la diffĂ©rence de la diffĂ©rence de taille observĂ©e. Mais le Dr. Murat Yucel, responsable de lâĂ©tude, a dĂ©clarĂ© que les rĂ©sultats laissaient nĂ©anmoins suggĂ©rer que le cannabis en soit la cause.
Plus dâinformations sur:
http://www.reuters.com/article/latestCrisis/idUSN02271474
(Sources: Reuters, du 2 juin 2008; Yucel M, Solowij N, Respondek C, Whittle S, Fornito A, Pantelis C, Lubman DI. Regional Brain Abnormalities Associated With Long-term Heavy Cannabis Use. Arch Gen Psychiatry 2008;65(6):694-701.)
Royaume-Uni â lâAgence de rĂ©gulation des mĂ©dicaments annonce cinq dĂ©cĂšs liĂ©s Ă lâusage mĂ©dical du rimonabant
Au Royaume-Uni, dâaprĂšs un rapport de lâAgence rĂ©gulatrice des mĂ©dicaments, cinq dĂ©cĂšs et 2123 effets secondaires indĂ©sirables sont associĂ©s Ă lâusage mĂ©dical du rimonabant (selon 720 rapports rĂ©ceptionnĂ©s par lâagence) depuis sa mise sur le marchĂ© en Grande-Bretagne il y a deux ans. Le rimonabant est un bloqueur des rĂ©cepteurs cannabinoĂŻdes de la sociĂ©tĂ© Sanofi-Aventis. On le trouve en Grande-Bretagne et dans dâautres pays europĂ©ens sous lâappellation dâacomplia oĂč il est consommĂ© pour favoriser la perte de poids. Dans un premier temps, Sanofi-Aventis a cru que ce mĂ©dicament allait devenir un best-seller. Mais, aujourdâhui, son avenir semble plutĂŽt compromis. En effet, aux Etats-Unis, lâAgence de rĂ©gulation des mĂ©dicaments (FDA) lâa rejetĂ© il y a un an, notamment parce quâil Ă©tait accusĂ© dâengendrer des idĂ©es suicidaires.
Selon le rapport, il y a eu un cas de suicide et deux tentatives. Les quatre autres cas de dĂ©cĂšs Ă©taient liĂ©s Ă des attaques cardiaques (2 personnes), une mort subite et un cas de maladie infectieuse. Parmi les effets secondaires indĂ©sirables, il y avait 48 cas dâidĂ©es suicidaires et 149 cas de dĂ©pression. Sanofi-Aventis a relevĂ© que les cas de dĂ©cĂšs intervenaient dans un groupe de population connue pour ses risques cardio-vasculaires, en plus de lâobĂ©sitĂ©.
Plus dâinformations sur:
http://www.reuters.com/article/rbssHealthcareNews/idUSL0386413220080603
(Sources: Reuters, du 3 juin 2008 ; Deutsches Aerzteblatt, du 4 juin 2008)
En bref
Etats-Unis â Californie
Selon un article publiĂ© dans le New York Times, lâĂtat de Californie perçoit approximativement 100 millions de dollars (environ 64 millions dâeuros) de taxes sur les 2 milliards de dollars (environ 1,3 milliard dâeuros) de revenus des dispensaires de cannabis, dont le nombre est estimĂ© Ă 500.
Plus dâinformations sur :
http://www.nytimes.com/2008/05/31/technology/31online.html (Source: New York Times, du 31 mai 2008)
Science â teneur en THC du cannabis
Des chercheurs du Centre national australien de recherche sur les stupĂ©fiants et lâalcool ont travaillĂ© sur la littĂ©rature disponible afin dâĂ©tudier lâĂ©volution des teneurs en THC du cannabis. Ils ont notĂ© que « les Ă©chantillons de cannabis analysĂ©s aux Ătats-Unis, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en Italie rĂ©vĂ©laient une augmentation des teneurs au cours de ces dix derniĂšres annĂ©es. Dans certains autres pays aucune augmentation significative nâa Ă©tĂ© observĂ©e, tandis que dâautres encore nâont pas effectuĂ© dâanalyses sur la durĂ©e. » Ils ont conclu que « lâopinion publique qui parle dâune augmentation de 20 Ă 30 % de la teneur en THC (âŠ) ne pouvait pour lâinstant pas ĂȘtre appuyĂ©e par les informations disponibles ». (Source: McLaren J, et al. Addiction, du 20 mai 2008 [publication Ă©lectronique avant impression])
Science â inflammation intestinale
La recherche sur le modĂšle animal (souris) montre que les substances qui augmentent la concentration des endocannabinoĂŻdes rĂ©duisent aussi lâinflammation des intestins. (Source: Storr MA, et al. J Mol Med, du 21 mai 2008 [publication Ă©lectronique avant impression])
Science â effets du THC
Des chercheurs néerlandais ont administré par vaporisation des doses croissantes de THC (2, 4, 6 et 8 mg) à intervalles de 90 minutes à des sujets en bonne santé. Alors que le rythme cardiaque présentait une accélération et un déclin rapides aprÚs chaque administration, les différents paramÚtres subjectifs (vigilance, effets psychologiques) ne revenaient pas à leur niveau initial entre les doses. (Source: Zuurman L, et al. J Psychopharmacol, du 30 mai 2008 [publication électronique avant impression])
Science â sevrage du cannabis
Des chercheurs australiens ont menĂ© une Ă©tude pilote avec 20 participants afin dâĂ©tudier les effets du carbonate de lithium sur les symptĂŽmes liĂ©s au sevrage du cannabis. Deux des participants se sont retirĂ©s de lâĂ©tude Ă cause dâeffets secondaires indĂ©sirables. 12 participants ont suivi le traitement dâune durĂ©e de sept jours et 5 personnes se sont abstenues de consommer du cannabis pendant un temps dâobservation moyen de 107 jours. Les chercheurs recommandent dâeffectuer une Ă©tude avec un placebo. (Source: Winstock AR, et al. J Psychopharmacol, du 30 mai 2008 [publication Ă©lectronique avant impression])
Science â taille de la pupille
Alors que lâon pensait que le THC en quantitĂ© modĂ©rĂ©e ne modifie pas de maniĂšre significative la taille de la pupille, des travaux de recherche rĂ©alisĂ©s au Maroc ont montrĂ© que la taille de la pupille pouvait effectivement ĂȘtre influencĂ©e. Les variations du diamĂštre avant et aprĂšs avoir fumĂ© du cannabis ont Ă©tĂ© mesurĂ©es sur les 2 yeux de 17 participants volontaires dans une piĂšce sombre et fermĂ©. Les rĂ©sultats ont montrĂ© un accroissement notable de la taille de la pupille suite Ă la consommation de cannabis. (Source : Merzouki A, et al. J Forensic Leg Med 2008;15(5):335-8)
Science â consommation de cannabis des adolescents
Une Ă©tude effectuĂ©e avec 549 adolescents français dâune moyenne dâĂąge de 15,5 ans a montrĂ© que la consommation de cannabis nâĂ©tait pas influencĂ©e de maniĂšre notable par lâattitude de leurs parents envers la consommation de cannabis mais plutĂŽt par lâusage dans le passĂ© ou actuel de leurs pĂšres. Les chercheurs ont conclu que « lâabsence dâinfluence des attitudes parentales suggĂšre que la dĂ©sapprobation parentale nâa pas dâeffet sur la prĂ©vention de la consommation, alors que lâexemple donnĂ© par le pĂšre en a». (Source: Chabrol H, et al. Encephale 2008;34(1):8-16.)
Science â dĂ©veloppement
DâaprĂšs une Ă©tude longitudinale conduite en Nouvelle-ZĂ©lande la consommation de cannabis entre 14 et 21 ans est associĂ©e Ă un faible niveau dâĂ©ducation, un revenu prĂ©caire Ă lâĂąge de 25 ans, un taux de chĂŽmage important et un faible niveau de satisfaction de la vie en gĂ©nĂ©ral. Les chercheurs ont conclu que « les rĂ©sultats de cette Ă©tude suggĂšrent quâune consommation croissante de cannabis Ă la fin de lâadolescence et au dĂ©but de lâĂąge adulte entrainerait es consĂ©quences nĂ©gatives plus tard dans la vie ». (Source: Fergusson DM & Boden JM. Addiction 2008;103(6):969-76.)