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IACM-Bulletin du 15 décembre 2006

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Science — la consommation modérée de cannabis a un effet positif sur le traitement de la dépendance à la cocaïne chez des patients avec un TDAH

Une étude menée à l’Institut fédéral de psychiatrie de New York a révélé que la consommation modérée/intermittente de cannabis permettait de mieux supporter le sevrage de cocaïne. Parmi les groupes participant à l’étude, celui composé de 92 cocaïnomanes, âgés entre 25 et 51 ans, et chez qui un TDAH (trouble déficitaire de l’attention) a été diagnostiqué a mieux supporté le sevrage que les autres groupes. L’étude clinique avec du méthylphénidate pour traiter à la fois le TDAH et la dépendance à la cocaïne a eu pour objet d’étudier les effets de la consommation de cannabis sur la poursuite de la thérapie et le sevrage de cocaïne.

Au cours de la 14ème semaine, le pourcentage des patients qui n’ont pas abandonné l’étude était de 24 % dans le groupe des patients renonçant au cannabis, de 57 % dans le groupe des consommateurs modérés/intermittents de cannabis et de 39 % dans le groupe des consommateurs forts/réguliers de cannabis. De plus, la consommation de cannabis a pu être associée au taux le plus élevé de réussite de sevrage de cocaïne. Parmi les personnes qui ont déclaré consommer du cannabis de façon intermittente, 39 % ont réussi à arrêter la cocaïne pendant deux, voire plusieurs semaines, comparé aux 26 % des patients qui ont indiqué ne pas consommer du cannabis pendant le traitement. C’est la première fois qu’une étude a été conduite sur l’utilisation de cannabis en rapport avec le résultat du traitement chez des cocaïnomanes.

(Source: Aharonovich E, Garawi F, Bisaga A, Brooks D, Raby WN, Rubin E, Nunes EV, Levin FR. Concurrent cannabis use during treatment for comorbid ADHD and cocaine dependence: effects on outcome. Am J Drug Alcohol Abuse. 2006;32(4):629-35.)

En bref

Hollande — pharmacie spécialisée dans le cannabis

La pharmacie Hanzplen de Groningen est la première pharmacie spécialisée dans le cannabis aux Pays-Bas. Le cannabis cultivé par la société Bedrocan y est vendu au prix de 6 euros le gramme. Ainsi le prix du cannabis n’est pas plus élevé que celui pratiqué dans les coffee shop et plus bas que celui habituellement affiché dans les pharmacies. Il s’agit d’un projet pilote en coopération avec le Stichting Medicinale Cannabis et le Bureau pour le cannabis médical du ministère néerlandais de la Santé, du Bien-être social et du Sport. Afin de pouvoir acheter le cannabis, les patients doivent être en possession d’une ordonnance établi par leur médecin. Voici l’adresse du site Internet de la pharmacie : http://www.hanzeplein.nl (Source: Dagblad van het Noorden du 7 novembre 2006)

Etats-Unis — Californie

Le 6 décembre, un juge de l’Etat de Californie a décidé de maintenir la loi autorisant l’utilisation du cannabis médical sous certaines conditions. Il a ainsi rejeté la plainte déposée par 3 comtés californiens qui remettaient en question la loi en vigueur depuis dix ans. Les comtés, San Diego en tête, ont affirmé que leurs gouvernements locaux ne devraient plus être tenus d’appliquer les lois de l’Etat de Californie qui, à leurs yeux, étaient inférieures à la loi fédérale qui interdit catégoriquement toute utilisation de cannabis. Les avocats généraux ont répondu à la plainte en expliquant que la Californie était en droit d’adopter ses propres lois permettant de protéger les consommateurs de cannabis médical de poursuites judiciaires par des autorités de l’Etat. (Source : Associated Press du 6 décembre 2006)

Canada — sondage sur l’utilisation médicale du cannabis

Dans un sondage national, 93 % des citoyens canadiens ont déclaré qu’ils acceptaient l’idée selon laquelle des personnes fument du cannabis pour des raisons médicales. Près de trois personnes sur quatre (70 %) n’acceptent non seulement le recours à une telle méthode mais se disent en plus tout à fait favorables à l’idée. (Source : Vancouver Sun du 2 novembre 2006)

Science — la théorie de la drogue-palier

Des chercheurs de l’université de Pittsburgh ont découvert que près d’un quart des jeunes hommes participant à leur étude ont consommé du cannabis avant de boire de l’alcool ou de fumer des cigarettes. Ce résultat est à l’opposé de ce qui est connu sous le nom de « l’hypothèse de la drogue-palier », selon laquelle la consommation de drogues commence par l’alcool et le tabac, passe ensuite au cannabis avant de se poursuivre avec les drogues dures. Les chercheurs ont aussi découvert que le risque de passer à l’abus de substances est similaire chez les adolescents suivant le modèle traditionnel, dit « consommation de drogue-palier », que chez ceux qui suivent le modèle inverse. Pour en savoir plus, rendez-vous sur

http://ajp.psychiatryonline.org/cgi/content/abstract/163/12/2134 (Source : Tarter RE, et al. Am J Psychiatry 2006;163(12):2134-2140.)