IACM-Bulletin du 15 décembre 2004

Etats-Unis — Projet de loi visant à protéger les patients recourant à la marijuana présenté au sénat

Le 17 novembre, les sénateurs Richard Durbin (Illinois), Patrick Leahy (Vermont) et Jim Jeffords (Vermont) ont présenté le premier projet de loi destiné à assurer que les jurés d’une cour fédérale entendent intégralement l’exposé du cas lorsque des patients recourant à la marijuana et leurs fournisseurs, agissant sous couvert des lois de leur état, sont conduits en justice pour entrave à la réglementation fédérale sur la marijuana.

Ce projet (S. 2989) est similaire au « Truth in Trials Act » (Loi sur la vérité lors des procès), présenté à la Chambre des Représentants l’année dernière. De plus, ce projet de loi s’inspire en partie du cas d’Ed Rosenthal: en Janvier 2003, M. Rosenthal avait été reconnu coupable de culture illégale de marijuana par un jury populaire non autorisé à tenir compte de fait que le cannabis se destinait à un usage médical, pour des patients atteints de pathologies lourdes et qu’il était cultivé avec l’autorisation de la ville d’Oakland (Californie).

Lorsqu’ils apprirent la vérité, les jurés qui avaient condamné Rosenthal ont publiquement récusé leur jugement et lui ont présenté des excuses, se sentant dupés d’avoir condamné un homme innocent. Lors de la présentation du projet de loi, M. Durbin souligne qu’« il s’agit d’une loi ciblée à dessein... les accusés issus des dix états dotés de lois sur la marijuana médicale pourraient éviter ainsi d’être reconnus coupables de violation des lois fédérales si leurs actes sont en conformité avec la loi de leur état. »

(Source : Marijuana Policy Project du 18 Novembre 2004)

Italie — difficultés pour obtenir des médicaments à base de cannabis

Alors que le cannabis fait toujours partie de la pharmacopée italienne, aucun médicament à base de cannabis n’est disponible en Italie. Les patients souffrant de sclérose en plaque ou d’autres maladies face auxquelles le cannabis ou ses dérivés peuvent avoir des effets bénéfiques doivent obtenir du ministère de la santé un permis d’importation spécial pour chacune des prescription de leur médecin.

Les médicaments agréés dans des pays tiers tels que le Nabilone ou le Dronabinol (Marinol) ou le cannabis disponible dans les pharmacies néerlandaises peuvent être prescrits par les praticiens italiens mais la procédure d’importation reste très compliquée. En raison de leur statut de stupéfiants, une seule et même prescription pour ces médicaments ne peut être établie au-delà de 30 doses journalières. En outre, de tels produits ne peuvent être obtenus par l’intermédiaire d’une pharmacie ordinaire mais uniquement via la pharmacie « de l’agence sanitaire locale » (ASL), c'est-à-dire en général l’hôpital le plus proche. De surcroît, les médecins italiens ne sont pas particulièrement enclins à prescrire un médicament aussi sujet à controverses.

A la connaissance de l’association italienne pour le cannabis médical (Associazione per la Cannabis Terapeutica, ACT), peu de patients ont recours au Nabilon en Italie (essentiellement pour la sclérose en plaques), et sauf erreur, seulement un seul d’entre eux le fait sous couvert d’une autorisation légale d’importation de cannabis médical en provenance des Pays-Bas. Nombre d’entre eux n’ont pas été en mesure de mener à bien leur thérapie notamment en termes de régularité en raison des problèmes susmentionnés.

(Source : Associazione per la Cannabis Terapeutica, www.medicalcannabis.it)

En bref

Royaume-Uni — Conférence sur le cannabis et la santé mentale

Une conférence internationale sur le cannabis et la santé mentale a été tenue les 2-3 décembre 2004 à l’institut de psychiatrie de Londres. La discussion de clôture de la conférence a proposé d’adopter la motion suivante : « L’assemblée ici présente considère que la légalisation du cannabis réduirait le risque de maladies mentales ». Cette conférence a été organisée par les Docteurs Zerrin Atakan, Robin Murray et Jim van Os. Parmi les intervenants, on compta Raphael Mechoulam, Wayne Hall, Don Liszen, Richard Doll, Nadia Solowij, Les Iversen etc… Plus d’informations sur http://www.iop.kcl.ac.uk/iopweb/events/?event=136

Etats-Unis — Texas

D’après une enquête récente, une forte majorité des citoyens Texans sont favorables à la légalisation de la marijuana pour usage médical. Selon une enquête de l’institut Scripps Howard commandée par l’association «Texans for Médical Marijuana», 75 pour cent sont d’avis que les malades du cancer ou d’autres maladies graves devraient être autorisés à recourir au cannabis à des fins thérapeutiques dans la mesure où leur médecin traitant l’approuve. 19 pour cent se prononcent contre une telle loi. (Source: Houston Chronicle du 18 novembre 2004)

Etats-Unis — Vermont

Environ 30 citoyens du Vermont ont manifesté leur intérêt pour l’usage médical du cannabis, depuis que le Vermont a donné, le 28 octobre 2004, son feu vert au projet de formulaires d’agrément. Ainsi, l’agence de la sécurité civile a envoyé quelques 30 formulaires à celles et ceux qui souhaitent bénéficier légalement de cannabis afin de soulager les symptômes d’une pathologie chronique. Au printemps dernier, le législateur a adopté une loi sur la marijuana médicale, faisant du Vermont le neuvième état des Etats-Unis à légaliser l’usage médical du cannabis. La loi protège les patients souffrants de maladies graves et qui ont recours à des quantités modestes de cannabis contre des poursuites pénales ou une arrestation. Pour être agréés, le patient et un tuteur de soins doivent se déclarer à l’agence de la sécurité civile et s’acquitter de la somme de 100,- US$.

(Source: Times Argus du 13 Novembre 2004)

Science — sécrétions gastriques acides

Il a été précédemment mis en évidence que les cannabinoïdes réduisent les sécrétions gastriques acides. De nouvelles études sur les animaux par des chercheurs Italiens montrent que l’activation de récepteurs cannabinoïdes-1 périphériques est principalement responsable de cet effet. (Source: Adami M, et al. Brain Res Bull 2004;64(4):357-61)

Science — Stress

De nouvelles recherches montrent que les endocannabinoïdes ou l’augmentation de la concentration des endocannabinoïdes peut être exploitée pour traiter les troubles de l’anxiété. Il s’agit d’une approche novatrice. Les endocannabinoïdes réduisent l’activation induite par le stress d’une unité fonctionnelle appelée axe hypothalamique pituitaire adrénal. Les cannabinoïdes qui viennent se fixer sur les récepteurs CB1 réduisent les niveaux de corticostérone dans le sang chez les souris stressées alors qu’un antagoniste aux récepteurs CB1 augmente les niveaux de corticostérone. (Source Patel S, et al. Endocrinology 2004;145(12):5431-8)

Science — Cannabis et douleur

L’étude menée par l’équipe du Docteur Berman sur 48 patients souffrant de neuropathies suite à l’endommagement du plexus brachial, déjà publiée dans le journal Anaesthesia en 2003 vient d’être publiée dans le journal Pain. Les patients ont reçu deux extraits différents de cannabis dans une étude croisée en double aveugle composée de 3 périodes de deux semaines. Les deux extraits ont diminué la douleur et amélioré le sommeil. Les effets furent modérés bien que statistiquement significatifs pour la plupart. (Source : Berman JS, et al. Pain 2004; 112(3):299-306)

Science — l’Echinacea agit sur les récepteurs cannabinoïdes

Des chercheurs suisses ont mis en évidence que des composés de la plante Echinacea, les alkylamides, modulent la synthèse du facteur de nécrose tumorale alpha (TNF-alpha). Cet effet est opéré par les récepteurs CB2. Le TNF-alpha est un élément produit par l’organisme qui joue un rôle important dans le système immunitaire. (Source: Gertsch J, et al. FEBS Lett 2004;577(3):563-9)