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IACM-Bulletin du 15 décembre 2002
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Science — L'inhibiteur de la dégradation de l'anandamide réduit l'anxiété
Selon une nouvelle étude, les molécules qui bloquent l'enzyme responsable de la dégradation du cannabis endogène anandamide pourraient être utilisées dans le traitement de l'anxiété et de la dépression.
Les cannabinoïdes endogènes agissent comme le THC sur les récepteurs aux cannabinoïdes, mais leur effet est plus court car ils sont rapidement fractionnés en produits de dégradation par l'enzyme FAAH (Fatty Acid Amide Hydrolase). Les inhibiteurs du FAAH prolongent et ainsi amplifient les effets des cannabinoïdes endogènes. Deux inhibiteurs du FAAH, URB532 et URB597, ont été testés dans un modèle animal d'anxiété et de dépression. Lors de l'administration des substances, les animaux couinaient moins quand ils étaient placés en isolement et ils étaient moins hésitants lorsqu'ils étaient mis dans un labyrinthe. Ces effets étaient accompagnés d'une augmentation des niveaux d'anandamide dans le cerveau.
L'effet de ces médicaments expérimentaux est similaire à celui des antidépresseurs, qui remontent les taux d'un autre neurotransmetteur dans le cerveau, la sérotonine indique Daniele Piomelli, le principal chercheur, professeur de pharmacologie à l'Université de Californie d'Irvine. "Certaines personnes ont des faibles taux de sérotonine et il se peut qu'il existe des personnes ayant des faibles taux d'anandamide," déclare-t-il. Et il ajoute que les études chez l'homme avec ces nouvelles molécules pourraient commencer d'ici un an.
(Source: Kathuria S, et al. Nat Med 2002 Dec 2; United Press International du 30 novembre 2002, Associated Press du 30 novembre 2002)
Etats-Unis — Les lois sur la marijuana médicale n'affectent pas la mise en application de la loi
Selon une enquête du Bureau de Comptabilité Générale (General Accounting Office, GAO), les lois d'état qui légalisent l'usage médical du cannabis fonctionnent principalement comme les électeurs le voulaient et n'ont pas mené à des excès importants.
Selon le rapport, "Les fonctionnaires de plus de la moitié des 37 organisations de mise en application de la loi, sélectionnées au niveau fédéral, d'état et local, que nous avons interrogé dans les quatre états ont déclaré que l'introduction des lois sur la marijuana médicale n'avait pas grandement affecté la mise en application de la loi". Dans certains cas, les hommes de loi ont déclaré que les lois sur la marijuana avaient eu pour résultat un "assouplissement général" dans l'attitude du public envers la marijuana, mais "aucun des représentants fédéraux avec lesquels nous avons parlé ne nous a donné des informations qui supportent la déclaration selon laquelle il y avait systématiquement un abus des lois sur la marijuana médicale dans chacun des états, y compris en Californie."
Le nombre de patients utilisant le cannabis pour raisons médicales et le nombre de médecins qui le prescrivent est relativement faible en Alaska, à Hawaii et dans l'Oregon. Seulement 1 à 3% des médecins de l'Oregon et d'Hawaii - les deux états où de telles archives sont conservées - ont recommandé le cannabis à leurs patients. La plupart des patients inscrits avaient plus de 40 ans. "Les douleurs intenses et les spasmes musculaires sont les problèmes de santé les plus courants pour lesquels la marijuana est recommandée," indique le rapport.
Selon ses propres mots "le U.S. General Accounting Office (GAO) est une agence qui travaille pour le Congrès et le peuple Américain. Le Congrès a demandé au GAO d'étudier les programmes et les dépenses du gouvernement fédéral. (...) Le GAO a conseillé le Congrès et les dirigeants des agences de décision sur la façon de rendre le gouvernement plus efficace et plus réactif."
Le rapport du GAO, "Marijuana: early experiences with four states' laws that allow use for medical purposes," (Marijuana : premières expériences dans quatre états qui ont des lois qui autorisent l'usage à des fins médicales) est disponible en ligne sur : http://www.gao.gov/new.items/d03189.pdf.
(Sources : United Press International du 30 novembre 2002, Associated Press du 30 novembre 2002)
Science — Le cannabis n'est pas une drogue d'escalade
Une étude du Centre RAND de Recherche en Politique des Drogues contredit la théorie selon laquelle la marijuana agit comme drogue d'escalade vers des drogues plus dangereuses comme l'héroïne et la cocaïne. En utilisant les informations de l'Enquête Nationale sur l'Usage de Drogues menée entre 1982 et 1994, l'étude conclut que les adolescents qui prenaient des drogues dures étaient prédisposés à le faire qu'ils aient essayé le cannabis en premier ou non.
"Nous avons montré que l'effet d'escalade de la marijuana n'est pas la meilleure façon d'expliquer le lien entre la consommation de marijuana et la consommation de drogues plus dures," a déclaré Andrew Morral, auteur principal de l'étude. "Une explication alternative plus simple et plus attirante explique le schéma de consommation de drogues que l'on voit dans ce pays, sans recourir à aucun effet d'escalade."
"Les personnes prédisposées à consommer des drogues et qui ont l'opportunité d'en consommer sont plus susceptibles que les autres de consommer à la fois de la marijuana et des drogues plus dures," déclare Morral. "La marijuana vient typiquement en premier parce qu'elle est plus disponible. Quand nous avons intégré ces faits dans notre modèle mathématique de consommation de drogue chez l'adolescent, nous avons pu expliquer toutes les associations de consommation de drogues citées comme preuve de l'effet d'escalade de la marijuana."
"C'est une étude très importante avec des implications larges pour la politique de contrôle de la marijuana," déclare Charles R. Schuster, un ancien directeur de l'Institut National sur l'Usage de Drogues et maintenant directeur de l'Institut de Recherche sur la Dépendance à l'Université d'Etat de Wayne. "J'espère seulement qu'elle sera lue avec objectivité et évaluée sur ses mérites scientifiques, et non rejetée de façon réfléchie parce qu'elle viole les convictions de la plupart des hommes politiques."
(Sources : Communiqué de presse de RAND du 2 décembre 2002 sur www.rand.org, Reuters du 2 décembre 2002)
En bref
Science — Comparaison entre le THC et le cannabis
Du cannabis fumé contenant 3,1% de THC a été comparé à 20 mg de THC administré par voie orale, quatre fois par jour. Ils ont produit une appréciation similaire des effets subjectifs, bien que certains effets avec le cannabis fumé étaient plus prononcés et moins sujets au développement de la tolérance. Les deux substances ont augmenté la prise alimentaire pendant les 3 jours d'administration, mais ont eu peu d'effet sur la performance psychomotrice. (Source: Hart CL, et al. Psychopharmacology (Berl) Déc. 2002 ; 164(4): 407-15.)
Etats-Unis — Californie
En réaction aux raids des coopératives de marijuana médicales de Californie menés par l'Agence Fédérale de Lutte contre la Drogue (Drug Enforcement Administration, DEA), plusieurs villes de l'état, y compris les municipalités de San Francisco, Berkeley et Sebastopol, ordonnent à leur police locale de cesser de coopérer avec les agents fédéraux. (Source : Los Angeles Times du 21 novembre 2002)
Etats-Unis — Vermont
La Commission Législative pour l'Etude de la Marijuana Médicale comprenant un juge, le chef de la police, le procureur général, ainsi que des médecins et des patients, a conclu que la marijuana possède une valeur médicale. Lors de sa dernière assemblée le 5 décembre, la commission a convenu que le gouvernement fédéral avait classé par erreur la marijuana comme substance sans usage médical. (Source: Associated Press du 6 décembre 2002)