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IACM-Bulletin du 12 novembre 2007
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Science — dans une étude de deux ans, un extrait de cannabis est efficace sans développer une tolérance
Dans une étude britannique, un spray à base de cannabis a réduit l’intensité des douleurs liées à la sclérose en plaques. L’effet bénéfique a été maintenu tout au long de la durée de l’étude, c’est-à-dire pendant deux ans. Suite à une première étude contrôlée de 5 semaines avec 64 participants à qui l'on a administré soit du sativex (extrait de cannabis) soit un placebo, 63 patients ont souhaité poursuivre le traitement et intégrer l’étude ouverte longitudinale. La durée moyenne de traitement était de 463 jours. 34 patients ont poursuivi l’étude pendant plus d’une année et 28 patients jusqu’à la fin de l’étude (durée du traitement : entre 701 et 917 jours). 17 patients ont interrompu l'étude à cause d’effets secondaires.
Avant de commencer la première étude (5 semaines), l’intensité moyenne des douleurs était de 6,5. Au cours de la dernière semaine de traitement, cette valeur est descendue à 3,8 dans le groupe ayant reçu du cannabis et à 5,0 dans le groupe témoin au cours de la dernière semaine. Chez les 28 patients qui ont terminé l’étude longitudinale (deux ans), et également au cours de la dernière semaine de traitement, l’intensité moyenne des douleurs est descendue à 2,9.
92 % des patients ont indiqué au moins un effet secondaire qu’ils ont évalué comme allant de faible à moyennement fort. Un seul patient a subi deux effets secondaires graves (troubles du rythme cardiaque et collapsus) nécessitant une hospitalisation. Les chercheurs ont conclu que l’extrait de cannabis s’est montré efficace à long terme dans la réduction de l’intensité des douleurs et n’a pas développé une tolérance ce qui a permis de maintenir le même dosage tout au long de la durée de traitement.
La version intégrale de l’étude est disponible sur
http://www.clinicaltherapeutics.com/articles/2068_rog.pdf
(Source : Rog DJ, Nurmikko TJ, Young CA. Oromucosal delta-9-tetrahydrocannabinol/cannabidiol for neuropathic pain associated with multiple sclerosis: an uncontrolled, open-label, 2-year extension trial. Clin Ther 2007;29(9):2068-79.)
Science — les bénéfices du cannabis fumé sur les douleurs expérimentales chez des sujets sains dépendent de la relation dose-effet
Une étude menée à l’université de Californie de San Diego, incluant 15 volontaires, a montré que le cannabis fumé à un dosage moyen offre un effet positif sur les douleurs expérimentales, tandis qu'un dosage faible n’offre qu’un bénéfice modéré et un dosage fort une intensification des douleurs. Les douleurs ont été provoquées avec de la capsaïcine au moyen d’une injection dans l’un des avant-bras 5 minutes après l’exposition à la substance et une deuxième injection dans l’autre avant-bras 45 minutes après l’exposition. La capsaïcine est un composant du piment rouge et provoque un effet irritant sur la peau. Lors de quatre tests, les participants à l’étude ont fumé une cigarette à 0 % (placebo), à 2 %, à 4 % ou à 8 % de THC.
5 minutes après l’exposition au cannabis, aucune cigarette n'a déclenché un effet sur les douleurs induites par la capsaïcine. En revanche, 45 minutes après l’exposition, il a été observé d’une part une réduction significative des douleurs avec le dosage en THC moyen et, d’autre part, une intensification notable avec le dosage fort. Aucun effet n’a été obtenu avec le dosage faible. Les chercheurs ont conclu que leur étude mettait en évidence qu'il «existe une possibilité pour le cannabis fumé de servir d’analgésique à condition de le doser modérément permettant d’obtenir une réduction de l’intensité de la douleur ; en revanche, les doses élevées augmentent la douleur ».
La plupart des études précédentes avaient montré que le cannabis ne réduisait pas les douleurs expérimentales chez des sujets sains, voire les intensifiait, tandis que des effets bénéfiques sur les douleurs étaient fréquemment obtenus chez des patients souffrant de douleurs neuropathiques, avec une plus forte réduction des douleurs au moyen du dosage le plus élevé. Des études sur animaux ont révélé que le système des endocannabinoïdes agit sur les douleurs chroniques ce qui pourrait expliquer les divergences entre les effets obtenus chez les personnes saines et ceux observés chez les personnes souffrantes. Une étude suisse menée en 2006 sur l’efficacité du THC dans la spasticité liée à une paraplégie a nécessité l’interruption du traitement pour une partie des patients à cause de l'intensification des douleurs provoquée par la substance.
L’article est disponible sur le site Internet du magazine Anesthesiology
http://www.anesthesiology.org
(Source : Wallace M, Schulteis G, Atkinson JH, Wolfson T, Lazzaretto D, Bentley H, Gouaux B, Abramson I. Dose-dependent effects of smoked cannabis on capsaicin-induced pain and hyperalgesia in healthy volunteers. Anesthesiology 2007;107(5):785-796.)
En bref
Royaume-Uni — symposium
L’Academy of Pharmaceutical Sciences et la Royal Pharmaceutical Society organisent conjointement un symposium sur les médicaments à base de cannabinoïdes. Il se tiendra le 10 mars 2008 à Londres. Pour plus d’informations, rendez-vous sur http://www.rpsgb.org/worldofpharmacy/events. (Source : message personnel)
Belgique — congrès sur la culture du cannabis
L’ISD (Institute for Social Drugs Research) de l’université belge de Gent tiendra son congrès les 3 et 4 décembre prochain. Entre 2005 et 2007, l’ISD a mené une vaste enquête en interrogeant près de 750 cultivateurs de cannabis afin d'étudier les motifs liés à ce type de production. Lors du congrès, des experts belges et hollandais discuteront sur les divers aspects de la production et les conséquences économiques de la culture de cannabis. Les conférenciers seront, entre autres, le Prof. Tom Decorte, le Prof. Adriaan Jansen, M. Joep Oomen, le Prof. Frank Bovenkerk, le Prof. Peter Cohen ainsi que les maires M. Gerd Leers (Maastricht, NL), M. Marcel Hendrickx (Turnhout, B) et Jan Lonink (Terneuzen, NL). Pour en savoir plus, rendez-vous sur http://www.law.ugent.be/crim/ISD. (Source : communiqué de presse de l’ISD du 18 septembre 2007)
Science — dépressions
Dans un modèle animal de la dépression, le cannabinoïde synthétique (WIN55,212-2) a eu des effets antidépresseurs. Ceux-ci dépendaient du récepteur CB1 et étaient transmis par le récepteur de la sérotonine (5-HT). (Source : Bambico FR, et al. J Neurosci 2007;27(43):11700-11711.)
Science — pneumothorax
Des médecins du service de chirurgie du thorax de l’Hôpital universitaire de Berne (Suisse) ont signalé une augmentation significative du nombre de jeunes patients présentant un emphysème pulmonaire et un pneumothorax spontané au cours des dernières années. La plupart de ces jeunes patients se définissaient comme de grands consommateurs des deux substances, le tabac et le cannabis. (Source : Beshay M, et al. Eur J Cardiothorac Surg, du 9 octobre 2007 [publication électronique avant impression])
Science — protection du coeur
Dans des études sur animaux, il a été observé que les cannabinoïdes protègent le cœur dans le cas de carence d’apport en sang et en oxygène. Les récepteurs CB1 se situent principalement sur les cellules endothéliales du cœur et dispensent leur effet protecteur grâce à leur production de monoxyde d’azote. Les récepteurs CB2, en revanche, se trouvent sur les cellules du coeurs et exercent leur activité bénéfique indépendamment du facteur endothélial. (Source : Lepicier P, et al. Life Sci, du 24 septembre 2007 [publication électronique avant impression])