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IACM-Bulletin du 10 mars 2000
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Science — Le THC détruit les tumeurs cérébrales en recherche animale
Le Delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), le principal principe actif du cannabis ainsi qu'un cannabinoïde synthétique ont induit une régression remarquable d'un type de tumeur cérébrale généralement fatal lors d'essais sur des rats de laboratoire, ont indiqué des chercheurs espagnols dans le journal Nature Medicine du 28 février.
Les gliomes malins, un cancer d'extension rapide pour lequel il n'existe pas de traitement efficace actuellement, ont été induits chez 45 rats. Un tiers a été traité avec du THC et un autre tiers avec le WIN-55.212-2, un agoniste des récepteurs aux cannabinoïdes, alors que le dernier tiers n'a pas été traité. Après 18 jours, les rats non traités sont morts. Mais les deux cannabinoïdes ont eu un effet remarquable en détruisant les tumeurs chez un tiers des rats traités pendant sept jours et en prolongeant la vie de l'autre tiers jusqu'à six semaines.
12 jours après l'injection de cellules tumorales, le THC ou le WIN-55.212-2 ont été injectés de façon continue directement sur le site d'inoculation de la tumeur pendant 7 jours. L'administration du THC a été inefficace sur 3 animaux et a augmenté de 19 à 35 jours la survie de 9 rats. La tumeur a été complètement détruite chez 3 des animaux traités. De plus, le cannabinoïde synthétique a été inefficace chez 6 rats, a augmenté de 19 à 43 jours la survie de 4 rats et a complètement détruit la tumeur chez 5 animaux.
L'équipe dirigée par le Dr Manuel Guzman de l'Université Complutense, à Madrid, a déclaré : "Ces résultats peuvent fournir la base pour une nouvelle approche thérapeutique du traitement des gliomes malins." Il a indiqué que durant l'expérience de faibles doses de THC ont été utilisées et à un stade avancé, quand les rats non traités commençaient déjà à mourir. Il estime que le THC pourrait être plus efficace s'il était administré plus tôt. Mais les traitements anticancéreux qui sont efficaces chez l'animal peuvent être trop toxiques ou inefficaces chez l'homme
On pense que les cannabinoïdes tuent la tumeur en induisant la mort programmée de la cellule, ou apoptose, via un mécanisme de signal intracellulaire. Des expériences menées avec deux sous-clones de cellules de gliome de culture ont démontré que les cannabinoïdes signalent l'apoptose par un chemin impliquant les récepteurs aux cannabinoïdes, l'accumulation soutenue de lipides (céramides) et l'activation de Raf-1/ERK (une kinase régulée par un signal extracellulaire), induisant une cascade de réactions qui mène à la mort de la cellule.
Dans un commentaire à Nature Medicine, le Dr Daniele Piomelli, de l'Université de Californie à Irvine, a déclaré que ces découvertes pourraient avoir des implications importantes. Ce serait la première étude convaincante qui démontre qu'un traitement à base de marijuana peut combattre le cancer. Si la drogue est également efficace chez l'homme, Piomelli indique "alors ce sera une découverte de grande importance." Mais il faudra beaucoup d'essais chez l'animal et chez l'homme pour prouver son efficacité. La marijuana fumée ne serait pas efficace.
(Sources: Galve-Roperph I, Sanchez C, Cortesz ML, Gomez del Pulgar T, Izquierdo M, Guzman M: Antitumoral action of cannabinoids: involvement of sustained ceramide accumulation and ERK activation. Nature Medicine 6, 313-319 (2000); Piomelli D: Nature Medicine 6, 255-256, (2000); UPI du 28 février 2000; AP du 29 février 2000; Reuters of du 29 février 2000; PA News du 29 février 2000, communication personnelle de Manual Guzman)
Science — Les cannabinoïdes réduisent les tremblements de la sclérose en plaques chez le modèle animal
Dans le journal Nature du 1er mars, des scientifiques ont indiqué qu'ils avaient pour la première fois démontré scientifiquement le lien entre le cannabis et la suppression des symptômes de la sclérose en plaques (SEP). L'étude chez des souris souffrant de encéphalomyélite allergique chronique (CREAE) - un modèle animal pour la SEP - a montré que les cannabinoïdes amélioraient les symptômes du CREAE.
L'étude de la SEP chez la souris "est la première à montrer de façon tout à fait objective que les composés synthétiques, qui stimulent le récepteur auquel se lie le cannabis (marijuana), peuvent soulager la spasticité et les tremblements de la SEP. C'est une analyse raisonnée de ce pour quoi les patients peuvent percevoir le bénéfice de l'utilisation du cannabis et qui encourage l'établissement d'un essai clinique pour évaluer les bénéfices du cannabis médical dans la SEP" a déclaré Lorna Layward, responsable de recherche de la Multiple Sclerosis Society de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord.
Dans l'étude, dirigée par David Baker de l'University College in London, les chercheurs ont injecté du THC, d'autres agonistes et antagonistes des récepteurs aux cannabinoïdes chez des souris souffrant de CREAE. Layward a indiqué que c'est maintenant aux laboratoires pharmaceutiques de développer des substances qui miment l'action du cannabis tout en évitant les effets secondaires que connaissent les fumeurs de cannabis. Les scientifiques ont indiqué que la recherche est en phase préliminaire ; on ne sait pas si des résultats similaires pourront être obtenus dans des études à grande échelle chez l'homme.
(Sources : UPI du 2 mars 2000, Reuters du 2 mars 2000; PA News du 2 mars 2000)
Science — Fumer de la marijuana peut augmenter le risque de crise cardiaque
Fumer de la marijuana augmente de façon importante le risque de crise cardiaque chez les usagers d'âge moyen et âgés au cours de la première heure qui suit l'utilisation, ont indiqué des chercheurs le 2 mars. Ils ont indiqué ne pas être sûrs si c'est la marijuana elle-même ou d'autres substances contenues dans la fumée, comme le monoxyde de carbone, qui en sont responsables.
L'étude du Dr Murray Mittleman, professeur à l'école de Médecine de Harvard et directeur d'épidémiologie cardiovasculaire au Beth Israel-Deaconess Medical Centre, et de ses collègues a été présentée lors d'une conférence de l'American Heart Association (AHA) à San Diego. Le risque de crise cardiaque était 4,8 fois plus élevé au cours de la première heure qui suit l'utilisation de la marijuana qu'il ne l'était durant les périodes de non-utilisation. Au cours de la deuxième heure, le risque relatif est passé à 1,7.
"Ces effets peuvent faire prendre un risque important, particulièrement chez les personnes qui ont une maladie coronarienne non diagnostiquée," a déclaré Mittleman. L'équipe de recherche du Dr Mittleman a recueilli des informations provenant de 3.882 personnes ayant eu une crise cardiaque. Dans ce groupe, 124 personnes ont été identifiées comme étant des usagers de marijuana, parmi celles-ci 37 personnes ont déclaré en avoir fumé dans les 24 heures précédant leur crise cardiaque et 9 personnes ont indiqué en avoir fumé dans l'heure précédent leurs premiers symptômes.
L'augmentation du risque n'est pas aussi importante que ce qui se produit avec les autres drogues - comme le risque de crise cardiaque multiplié par 25 avec la cocaïne - et pourrait même ne pas être aussi dangereux que le jogging pour une personne sédentaire. Mais, déclare Mittleman "Le risque existe. Il est réel." D'autres études ont montré que les fumeurs de marijuana plus jeunes ne sont pas plus exposés aux crises cardiaques.
(Sources: Reuters du 2 mars 2000, UPI du 2 mars 2000, AP du 2 mars 2000)
En bref
Etats-Unis
Un groupe de travail de la Commission d'Assurance Qualité Médicale de l'état de Washington envisage de légaliser l'usage de la marijuana médicale pour les personnes souffrant de certains symptômes invalidants. Le Dr Rob Killian est en train de solliciter la commission pour ajouter une liste de symptômes plutôt que des maladies spécifiques. La liste suggérée par Killian inclut : les symptômes gastro-intestinaux tels que les nausées, les vomissements, l'anorexie, la perte d'appétit et les crampes; les symptômes neurologiques tels que les attaques, les spasmes musculaires et la spasticité ; les troubles de l'humeur, y compris l'insomnie et les symptômes post-traumatiques. Une décision définitive est attendue le 2 juin. (Source : Seattle Times du 2 mars 2000)