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IACM-Bulletin du 1 novembre 2005

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Science — Les cannabinoĂŻdes favoriseraient le dĂ©veloppement de nouvelles cellules cĂ©rĂ©brales

Selon une Ă©tude sur animaux Ă  l’UniversitĂ© de Saskatchewan au Canada, les cannabinoĂŻdes qui se lient aux rĂ©cepteurs CB1 favorisent le dĂ©veloppement de nouvelles cellules nerveuses dans l’hippocampe, une rĂ©gion du cerveau trĂšs importante pour la mĂ©moire et le comportement. Cet effet cannabinoĂŻde pourrait diminuer l’anxiĂ©tĂ© et la dĂ©pression.

Les chercheurs ont utilisĂ© le cannabinoĂŻde synthĂ©tique HU210 qui agit de façon similaire au THC sur les rĂ©cepteurs CB1 dans le cerveau. Un traitement chronique mais non aigu avec ce cannabinoĂŻde a favorisĂ© la prolifĂ©ration des cellules nerveuses dans l’hippocampe de rats adultes et dĂ©ploie des effets similaires aux anxiolytiques et aux antidĂ©presseurs.

On avait dĂ©jĂ  montrĂ© que d’autres drogues illĂ©gales ou lĂ©gales, telles que les opiacĂ©s, l’alcool, la nicotine, la cocaĂŻne suppriment la formation de nouvelles cellules cĂ©rĂ©brales lorsqu’on les utilise de façon chronique, mais l’effet du cannabis sur ce processus Ă©tait incertain. Le cannabis apparaĂźt « ĂȘtre la seule drogue illicite dont la capacitĂ© Ă  produire une augmentation de neurones qui soit corrĂ©lĂ©e positivement avec des effets anti-anxiĂ©tĂ© et anti-dĂ©presseur » ont Ă©crit le Dr. Xia Zhang et ses collĂšgues dans un article Ă  paraĂźtre dans le numĂ©ro de novembre du Journal of Clinical Investigation, lequel article a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mis en ligne le 13 octobre.

(Sources: Jiang W, Zhang Y, Xiao L, Van Cleemput J, Ji SP, Bai G, Zhang X. Cannabinoids promote embryonic and adult hippocampus neurogenesis and produce anxiolytic- and antidepressant-like effects. J Clin Invest. 2005 Oct 13 [publication Ă©lectronique avant impression]; United Press International du 13 octobre 2005)

Science — des souris sans rĂ©cepteurs CB1 prĂ©sentent une dĂ©tĂ©rioration cognitive accĂ©lĂ©rĂ©e

Des chercheurs de l’universitĂ© de Bonn ont dĂ©montrĂ© que de jeunes souris (6 Ă  7 semaines) dont le rĂ©cepteur cannabinoĂŻde-1 a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©tiquement supprimĂ© se comportent aussi bien que des souris normales, si ce n’est mieux, dans un certain nombre de tĂąches d’apprentissage et de mĂ©morisation. A l’inverse, les performances de souris plus ĂągĂ©es (3 Ă  5 mois) manquant de rĂ©cepteurs CB1 Ă©tait beaucoup plus mauvaises que celles des souris normales d’ñge Ă©quivalent. Dans la plupart des tests, ces souris ont atteint les mĂȘmes scores que des animaux plus ĂągĂ©s (14 Ă  17 mois), ce qui suggĂšre que le dĂ©clin liĂ© Ă  l’ñge des performances cognitives est accĂ©lĂ©rĂ© en l’absence de rĂ©cepteurs CB1. Ce rapide dĂ©clin chez les animaux dĂ©ficients en CB1 a Ă©tĂ© accompagnĂ© par une perte de cellules nerveuses dans l’hippocampe.

« Nos rĂ©sultats suggĂšrent que l’absence de rĂ©cepteurs CB1 a pour effet une diminution accĂ©lĂ©rĂ©e des fonctions cognitives » souligne le Dr. Andreas Zimmer, directeur de recherches. Il note que ces rĂ©sultats pourraient avoir des consĂ©quences au sujet de l’utilisation mĂ©dicale des antagonistes de rĂ©cepteur CB1 si on les utilise Ă  long terme.

(Sources: Bilkei-Gorzo A, Racz I, Valverde O, Otto M, Michel K, Sarstre M, Zimmer A. Early age-related cognitive impairment in mice lacking cannabinoid CB1 receptors. Proc Natl Acad Sci U S A 2005 Oct 12; [publication Ă©lectronique avant impression]; www.innovations-report.de du 12 octobre 2005; www.heise.de du 15 octobre 2005)

Australie — Sondage sur le cannabis thĂ©rapeutique

Des chercheurs de l’UniversitĂ© de Nouvelle Galle du Sud ont menĂ© Ă  bien une Ă©tude sur questionnaire au sujet de l’usage thĂ©rapeutique du cannabis. 128 participants ont fourni les donnĂ©es de l’étude. L’usage thĂ©rapeutique de cannabis de façon rĂ©guliĂšre ou Ă  long terme a Ă©tĂ© frĂ©quemment rapportĂ©e pour de multiples Ă©tats pathologiques comprenant les douleurs chroniques (57 pour cent), la dĂ©pression (56 pour cent), arthrite (35 pour cent), les nausĂ©es persistantes (27 pour cent) et la perte pondĂ©rale (26 pour cent)

Le cannabis a semblĂ© fournir en gĂ©nĂ©ral un « grand soulagement » (86 pour cent) et un soulagement substantiel de symptĂŽmes spĂ©cifiques tel que la douleur, les nausĂ©es et l’insomnie. Il a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralement perçu comme supĂ©rieur aux autres mĂ©dications en terme d’effets indĂ©sirables et la portĂ©e du soulagement gĂ©nĂ©rĂ©. Toutefois, prĂšs de la moitiĂ© (41 pour cent) ont souffert d’états ou des symptĂŽmes qui ne se sont pas amĂ©liorĂ©s avec l’utilisation de cannabis. Les questions liĂ©es Ă  l’illĂ©galitĂ© de la drogue ont Ă©tĂ© Ă  l’origine de la plupart des prĂ©occupations. Les participants ont rapportĂ© avoir Ă©tĂ© fortement soutenus dans cette utilisation thĂ©rapeutique par leurs mĂ©decins et leur famille

(Source: Swift W, Gates P, Dillon P. Survey of Australians using cannabis for medical purposes. Harm Reduct J 2005;2(1):18.)

Science France — la plus grande Ă©tude jamais menĂ©e sur le cannabis au volant n’a mis en Ă©vidence qu’une faible augmentation du risque d’accident avec le cannabis.

Les conducteurs sur l’influence du cannabis ont beaucoup moins de risque de provoquer des accidents de la route que les conducteurs alcoolisĂ©s. Selon le quotidien « LibĂ©ration », les rĂ©sultats d’une Ă©tude Ă©pidĂ©miologique portant sur environ 8000 accidents vont ĂȘtre publiĂ©s dans quelques semaines dans le British Medical Journal.

Des chercheurs de l’Institut National de Recherche sur les Transports et leur SĂ©curitĂ© (INRETS) ont mis en Ă©vidence que l’intoxication Ă  l’alcool et la vitesse avaient statistiquement 10 fois plus de chance de constituer un facteur dĂ©terminant dans les accidents mortels que la consommation de cannabis. En tout, les chercheurs ont estimĂ© que la perturbation psychomotrice due au cannabis Ă©tait similaire Ă  celle que prĂ©sentent les conducteurs ayant une concentration d’alcool dans le sang entre 0.02 Ă  0.05 pour cent. Le risque relatif de provoquer un accident mortel fut Ă©valuĂ© Ă  1.8 Ă  2.2 pour le cannabis, risque similaire Ă  celui liĂ© Ă  une concentration d’alcool dans le sang infĂ©rieure Ă  0.05. Il Ă©tait d’environ 20 pour une concentration d’alcool dans le sang supĂ©rieure Ă  0.05 et pour une vitesse trop Ă©levĂ©e.

Les rĂ©sultats de l’étude ont provoquĂ© le plus grand embarras au sein du gouvernement du fait qu’il a toujours Ă©tĂ© officiellement dĂ©fendu que « les drogues au volant sont responsables de plus de morts que les excĂšs de vitesse » Selon la loi française, les conducteurs qui se rĂ©vĂšlent positifs au THC dans le sang - mĂȘme Ă  l’état de traces - encourent jusqu’à deux ans d’emprisonnement.

(Source: Libération du 3 octobre 2005)

En bref

Canada — NausĂ©es et grossesse

D’aprĂšs une Ă©tude menĂ©e par de nombreuses institutions canadiennes, y compris la Vancouver Island Compassion Society et l’UniversitĂ© de Vancouver, 92 pour cent de femmes enceintes consommatrices de cannabis qui souffraient de nausĂ©es et de vomissement ont rapportĂ© un soulagement grĂące au cannabis. L’étude va ĂȘtre publiĂ©e par le Journal of Complementary Therapies in Clinical Practice, vraisemblablement en 2006 (Source: The Province du 6 octobre 2005)

Science — OstĂ©oporose

Des chercheurs de l’UniversitĂ© de Bonn ont montrĂ© que le gĂšne qui code le rĂ©cepteur CB2 est associĂ© Ă  l’ostĂ©oporose. Ils ont analysĂ©s les gĂšnes du rĂ©cepteur CB1 et CB2 auprĂšs de femmes mĂ©nopausĂ©es atteinte d’ostĂ©oporose. En comparaison avec un groupe de contrĂŽle, les scientifiques on trouvĂ© plus souvent une certaine variante du gĂšne du rĂ©cepteur CB2 chez les patientes atteintes d’ostĂ©oporose. Ils concluent que ces rĂ©sultats « dĂ©montrent un rĂŽle pour le rĂ©cepteur CB2 exprimĂ© pĂ©riphĂ©riquement dans l’étiologie de l’ostĂ©oporose. » (Source: Karsak M, et al. Hum Mol Genet. 2005 Oct 4; [publication Ă©lectronique avant impression])

Science — SclĂ©rose amyotrophique latĂ©rale

Dans un modĂšle de la sclĂ©rose amyotrophique latĂ©rale (ALS) chez la souris, l’application de cannabinol (CBN) a retardĂ© significativement le dĂ©but de la maladie tandis que la survie n’a pas Ă©tĂ© influencĂ©e. Des souris gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es, dĂ©veloppant une maladie semblable Ă  l’ALS ont reçu du CBN sur une pĂ©riode allant jusqu’à 12 semaines, ce qui a permis d’obtenir un retard de dĂ©claration pathologique de plus de deux semaines (Source: Weydt P, et al. Amyotroph Lateral Scler Other Motor Neuron Disord 2005;6(3):182-4)

Science — HalopĂ©ridol et rĂ©cepteurs CB1

Dans des Ă©tudes sur animaux, des traitements au halopĂ©ridol ont eu pour rĂ©sultat des niveaux de liaison Ă©levĂ©s d’un cannabinoĂŻde synthĂ©tique dans certaines rĂ©gions du cerveau (striatum et substantia nigra). Cette augmentation des niveaux de liaison a Ă©tĂ© normalisĂ©e vers 1 Ă  4 semaines aprĂšs la fin du traitement au halopĂ©ridol. Les auteurs notent que ces rĂ©sultats « aident Ă  Ă©lucider le mĂ©canisme biochimique sous-jacent de l’hypersensibilitĂ© du rĂ©cepteur CB(1) aprĂšs un traitement au halopĂ©ridol » (Source: Andersson M, et al. J Neurosci Res 2005;82(2):264-72)