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IACM-Bulletin du 23 mars 2002

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Italie — Le systĂšme de santĂ© doit payer pour la thĂ©rapie au cannabis, dĂ©clare le juge

Le juge Barbara Bortot, de Venise, a déclaré le 13 mars que les autorités médicales locales de San Dona di Piave, prÚs de Venise, doivent non seulement tolérer l'usage médical du cannabis par une femme atteinte d'un cancer des poumons en phase terminale, mais elles doivent aussi obtenir cette substance à l'étranger et la fournir gratuitement à la patiente.

Cette femme avait demandĂ© une autorisation au magistrat, puisque le cannabis est illĂ©gal in Italie, mĂȘme pour usage mĂ©dical. La juge Bortot a dĂ©clarĂ© que le droit Ă  la santĂ©, dĂ©crĂ©tĂ© dans l'article 32 de la Constitution, permet l'utilisation de cette substance. "Quand il existe un besoin inapaisable pour lequel le systĂšme de santĂ© national ne propose pas de remĂšdes alternatifs, le droit Ă  la santĂ© des personnes s'impose sans limite ou condition d'aucune sorte," a Ă©crit le juge.

Selon cette décision, les autorités médicales locales auront 30 jours pour fournir la substance à la patiente. L'Italie la demandera probablement au Bureau pour le Cannabis Médical du MinistÚre de la Santé Néerlandais, selon le quotidien Corriere della Sera.

Cette décision pourrait ouvrir la voie à d'autres nombreuses demandes de patients souffrant de maladies telles que la sclérose en plaques et l'épilepsie, a déclaré l'Association Italienne pour le Cannabis Thérapeutique (ACT). "Nous espérons que cela deviendra un précieux précédent pour tous ceux qui réclament le droit d'utiliser le cannabis comme substance thérapeutique," a déclaré l'association dans une déclaration officielle.

(Source : Reuters du 13 mars 2002)

Science — DĂ©bat sur usage rĂ©gulier du cannabis et fonction cĂ©rĂ©brale

Les scientifiques Australiens et AmĂ©ricains ont dĂ©couvert des troubles de la mĂ©moire et de l'attention chez les consommateurs rĂ©guliers de cannabis, qui ont durĂ© au-delĂ  de la pĂ©riode d'intoxication selon un rapport publiĂ© dans The Journal of the American Medical Association. Dans un Ă©ditorial de ce mĂȘme journal, un chercheur de la Harvard Medical School de Boston (Etats-Unis) prĂ©vient contre les conclusions de cette Ă©tude qui montre que l'usage du cannabis pourrait altĂ©rer les fonctions cognitives de façon irrĂ©versible.

Dans l'étude du Dr Nadia Solowij du Centre National de Recherche sur les Drogues et l'Alcool à Sydney, menée aux Etats-Unis, 102 consommateurs réguliers de cannabis (51 consommateurs à court-terme et 51 consommateurs à long-terme) ont réalisé 9 tests neuropsychologiques standards aprÚs 17 heures d'abstinence. Les usagers de cannabis ont réalisé une performance significativement moins bonne que les contrÎles sur plusieurs tests et les mesures de performance étaient souvent en corrélation avec la durée de consommation de cette substance.

Dans son Ă©ditorial, le Dr Harrison Pope du Laboratoire de Psychiatrie Biologique de la Harvard Medical School note qu'une pĂ©riode d'abstinence de 17 heures pourrait ĂȘtre trop courte pour mesurer les troubles possibles Ă  long terme. Il a dĂ©clarĂ© qu'une rĂ©cente mĂ©ta-analyse des Ă©tudes neuropsychologiques chez des consommateurs de marijuana Ă  long terme n'a pas trouvĂ© de preuves significatives de dĂ©ficits dans 7 sur 8 des centres d'aptitude neuropsychologique et seulement un petit effet sur la taille pour le dernier, le centre d'apprentissage.

"MĂȘme si la durĂ©e de l'usage du cannabis est associĂ©e Ă  une altĂ©ration plus Ă©levĂ©e aprĂšs 17 heures d'abstinence, les donnĂ©es sont insuffisantes pour savoir s'il existait des altĂ©rations plus importantes une semaine ou un mois plus tard. MalgrĂ© les contributions importantes de cette nouvelle Ă©tude, nous devons toujours vivre dans l'incertitude," conclu Pope.

(Sources : Solowij N, et al. JAMA 2002 Mar 6;287(9):1123-31; Pope HG. JAMA 2002 Mar 6;287(9):1123-31)

En bref

ONU — Consommation de cannabis

Dans son rapport annuel, la Commission Internationale de ContrÎle des Stupéfiants (INCB) de l'ONU a rejeté les arguments en faveur de la légalisation de la marijuana, mais elle recommande des recherches supplémentaires "dans le domaine des propriétés thérapeutiques potentielles et de l'usage médical du cannabis ou d'extraits de cannabis." (Source : Washington Times du 27 février 2002)

Etats-Unis — 80% de soutien dans le Wisconsin

Les patients gravement malades qui dĂ©sirent soulager leur souffrance avec la marijuana ont le soutien de 80,3% des habitants de l'Ă©tat du Wisconsin, selon une enquĂȘte publiĂ©e le 13 mars et menĂ©e par Chamberlain Research Consultants. (Source : Daily Cardinal du 13 mars 2002)

Royaume-Uni — Soutien pour la reclassification

Les experts mĂ©dicaux ont soutenu l'intention du gouvernement de reclasser le cannabis comme substance Ă  faible risque. Dans un rapport remis Ă  David Blunkett, ministre de l'intĂ©rieur, les experts mĂ©dicaux du Conseil Consultatif sur l'Abus des Drogues ont dĂ©clarĂ© que toutes les prĂ©parations de cannabis devraient ĂȘtre reclassĂ©es en Classe C - le groupe de substances contrĂŽlĂ©es ayant le risque le plus faible. (Source : Reuters du 14 mars 2002)

Etats-Unis — PublicitĂ© dans le New York Times

Dans une pleine page de publicité parue dans le New York Times du 6 mars, une coalition nationale de médecins, d'infirmiÚres, d'organisations médicales, de célébrités et de plus de 300 législateurs d'état demande au Président Bush de permettre aux patients gravement malades de demander l'autorisation d'utiliser la marijuana pour soulager leurs symptÎmes. (Pour en savoir plus : http://compassionateaccess.org)

Allemagne — Syndicat de la police

Dans une interview avec l'hebdomadaire Focus, le vice-président du syndicat des policiers, Bernhard Witthaut, s'est fait le partisan de la légalisation du cannabis et de sa vente en pharmacie. Mais le président du syndicat, Konrad Freiberg, a précisé que le syndicat était contre la légalisation de cette substance. (Sources : dpa du 9 mars 2002, ddp du 10 mars 2002)

Royaume-Uni — DĂ©mocrates libĂ©raux

Les Démocrates Libéraux, dans l'opposition britannique, ont déclaré le 9 mars que ses membres ont voté en faveur de l'adoption de la légalisation du cannabis dans le cadre de la politique du parti. Les délégués à la conférence de printemps du troisiÚme parti le plus important du RU ont également voté pour mettre fin à l'emprisonnement pour possession de toute substance illégale, y compris l'héroïne et la cocaïne. (Source : Reuters du 9 mars 2002)

Etats-Unis — Aliments à base de chanvre

Le 7 mars, une cour d'appel fédérale a temporairement bloqué une réglementation de la Drug Enforcement Administration qui interdit les aliments à base de chanvre. L'agence a déclaré en octobre 2001 que les produits alimentaires contenant ne serait-ce que des traces de THC étaient interdits dans le cadre du Controlled Substances Act [loi sur les substances contrÎlées]. La cour d'appel prendra une décision dans les prochains mois, elle entendra les arguments présentés dans cette affaire le 8 avril. Un rapport d'expert de 90 pages sur l'impact sur la santé de quantités infimes de THC dont il est question dans ce débat est en ligne sur : http://www.nova-institut.de/pdf/hemp-food-risk.pdf (Source : AP du 8 mars 2002)

Science — Conduite automobile

Une étude a examiné les effets de l'exposition chronique au cannabis sur les effets de l'alcool et les facultés psychomotrices associées à la conduite. L'usage chronique du cannabis (en l'absence d'administration aiguë) n'a pas potentialisé les effets de l'alcool. En fait, les usagers réguliers ont donné des résultats plus faibles pour les vertiges et une précision de conduite supérieure aprÚs avoir bu de l'alcool comparé aux consommateurs peu fréquents. (Source : Wright A, Terry P. Psychopharmacology 2002 Mar;160(2):213-9)

Science — Interaction

Le cannabis fumé et le THC par voie orale n'ont qu'une influence mineur sur les paramÚtres pharmacocinétiques des médicaments anti-rétroviraux dans l'infection au VIH (indinavir, nelfinavir) et il est peu probable que l'usage des cannabinoïdes affecte l'efficacité anti-rétrovirale. (Source : Kosel BW, et al. AIDS 2002 Mar 8;16(4):543-50)