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IACM-Bulletin du 21 avril 2001

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Canada — Le Ministre de la Santé veut faciliter l'usage médical du cannabis

Le Canada envisage de faciliter la possession et la culture de la marijuana à des fins médicales, selon la déclaration du Ministre de la Santé Canadien Allan Rock le 6 avril. Le gouvernement mettra en vigueur les nouvelles réglementations d'ici au 31 juillet.

M. Rock avait tout d'abord autorisé les Canadiens à faire une demande pour usage médical du cannabis en mai 1999, et 220 personnes ont reçu une dérogation à loi. Mais, en juillet 2000, la plus haute cour de l'Ontario a demandé au gouvernement fédéral plus de transparence dans le processus, particulièrement pour la définition des personnes pouvant faire la demande.

Dans le cadre des nouvelles réglementations, une demande de dérogation à l'interdiction générale est toujours nécessaire, mais les limites actuelles fixées pour la possession seront remplacées par des recommandations individuelles émanant d'un médecin - c'est à dire une ordonnance pour de la marijuana.

Les patients pourront également choisir un ami pour cultiver leur marijuana. Les renouvellements de dérogations seront accordés tous les ans au lieu de tous les six mois actuellement.

(Source : Reuters du 6 avril 2001)

Science — Les cannabinoïdes endogènes jouent un rôle dans la régulation de l'appétit

Une nouvelle recherche suggère que les cannabinoïdes endogènes agissent sur le système cérébral complexe pour contrôler les sensations de satiété et de faim. On sait maintenant que la leptine est l'hormone clé qui agit sur les centres hypothalamiques à l'origine du contrôle de l'appétit.

La leptine réduit la prise de nourriture en régulant d'une part les facteurs de réduction de l'appétit et d'autre part les facteurs de stimulation de l'appétit. Puisque les cannabinoïdes endogènes (l'anandamide et le 2-arachidonyl-glycerol) jouent un rôle dans ce processus, on comprend mieux pourquoi les usagers ont faim après avoir pris du cannabis ou du THC et pourquoi il aide les patients qui ont perdu l'appétit et perdent du poids.

Selon l'étude publiée par le journal Nature, les chercheurs ont découvert que des souris dépourvues de récepteurs CB1 aux cannabinoïdes mangent moins que les souris normales. Et lorsqu'on administre aux souris ordinaires le SR141716A, un antagoniste des récepteurs aux cannabinoïdes qui empêchent les cannabinoïdes endogènes d'agir sur ces récepteurs, elles mangent également moins que les souris normales. De plus, on a constaté une corrélation entre des taux réduits de leptine et des taux élevés de cannabinoïdes endogènes dans l'hypothalamus, et que l'administration de leptine réduit les taux de cannabinoïdes endogènes.

Ces résultats indiquent que les cannabinoïdes endogènes présents dans l'hypothalamus pourraient activer les récepteurs CB1 pour maintenir la prise alimentaire et qu'ils peuvent agir indépendamment du taux de certaines autres substances qui stimulent l'appétit.

(Sources : Di Marzo V, et al. Leptin-regulated endocannabinoids are involved in maintaining food intake. Nature 2001;410:822-825; AP du 11 avril 2001)

En bref

IACM

Foire aux questions

Un nouveau service sur le site internet de l'IACM offre la possibilité de poser des questions et de voir les réponses aux questions les plus fréquemment posées. La première question est : "Grossesse : Le cannabis/THC est-il toxique pour le fœtus pendant la période de gestation ?" Les prochaines questions seront : "Interactions: Le cannabis/THC interagit-il avec d'autres médicaments utilisés pour le traitement des maladies ?" et "Asthme : Comment prendre du cannabis ou du THC pour traiter l'asthme?" Pour en savoir plus : www.cannabis-med.org.

Science

Etude sur le HIV/sida

La première étude sur l'usage médical de la marijuana approuvée par le gouvernement américain a débuté le 3 avril en Californie. Le Centre de Santé du Comté de San Mateo va fournir des cigarettes de cannabis à 60 patients atteints de HIV et du sida qui souffrent de troubles neurologiques. Le Dr Dennis Israelski, chef de service des maladies infectieuses dans les hôpitaux et les cliniques du comté, supervisera l'étude d'une durée de 12 semaines. La Drug Enforcement Administration (DEA) a approuvé l'étude le 22 novembre 2000. (Sources : AP du 4 avril 2001, IACM-Bulletin du 26 novembre 2000)

Science

Nausées et vomissements

Des chercheurs Canadiens de l'Université de Wilfrid Lauier, Waterloo, Ontario, ont démontré dans un modèle animal de simulation de nausées et de vomissements que le THC peut empêcher cette forme de nausée. Leur étude basée sur les réactions émétiques des musaraignes est publiée dans Neuroreport. Les haut-le-cœur causés par une injection de chlorure de lithium ont été complètement supprimés par un pré-traitement avec une dose modérée de THC. C'est la première preuve expérimentale qui vérifie les rapports faisant état de l'action du THC pour prévenir les vomissements. (Source : Parker LA, Kemp SW. Tetrahydrocannabinol (THC) interferes with conditioned retching in Suncus murinus: an animal model of anticipatory nausea and vomiting (ANV). Neuroreport 2001;12(4):749-751.)

Science

Douleur

Des chercheurs de l'Université Virginia Commonwealth de Richmond, Etats-Unis, ont examiné l'effet de la prise sur une courte durée de THC, de morphine, ou d'une combinaison des deux substances sur le nombre des récepteurs chez la souris. Ils ont démontré que les trois types de récepteurs aux opioïdes baissaient de façon importante chez la souris tolérante à la morphine, alors que cette réduction n'est pas apparue chez les animaux traités avec la combinaison. Les scientifiques ont conclu que la combinaison de THC et de morphine conserve des propriétés importantes pour atténuer la douleur, sans provoquer de modifications dans les récepteurs qui pourraient contribuer à l'accoutumance. (Source : Cichewicz DL, et al. Changes in opioid and cannabinoid receptor protein following short-term combination treatment with delta(9)-tetrahydrocannabinol and morphine. J Pharmacol Exp Ther 2001;297(1):121-127.)

Science

Blocage des effets du THC

Le SR141716, un antagoniste des récepteurs CB1 aux cannabinoïdes, développé en 1994, a été administré pour la première fois chez des humains. 63 hommes sains ont reçu des doses différentes de SR141716 ou de placebo et fumé une cigarette de marijuana 2 heures plus tard. Le SR141716 a produit un blocage des effets de la marijuana associé au dosage. L'investigateur principal, le Dr Marilyn Huestis du NIDA (National Institute on Drug Abuse), a déclaré que les résultats ouvrent la voie vers un traitement possible des personnes dépendantes de la marijuana, pour le traitement de l'obésité, de la schizophrénie et pour améliorer la mémoire. (Source : Huestis M, et al. Blockade of effects of smoked marijuana by the CB1-selective cannabinoid receptor antagonist SR141716. Arch Gen Psychiatry 2001;58:322-328.)