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IACM-Bulletin du 21 février 2008

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Le ministère finlandais des Affaires sociales et de la Santé souhaite publier des directives en faveur de l’utilisation de cannabis médical. Il y a plus d’un an déjà, l’Agence nationale des médicaments de la Finlande a délivré une première autorisation exceptionnelle pour l’utilisation du cannabis à des fins médicales à un homme souffrant de douleurs dorsales chroniques suite à une lésion du dos. Or, dans un premier temps, l’Agence avait refusé l'octroi d’une telle licence, et ce en dépit de la présentation d'une ordonnance établie par un médecin hollandais. Puis, le patient a porté sa cause devant un tribunal administratif qui lui a donné raison.

Outre l’octroi de l’autorisation exceptionnelle pour le patient, le juge a aussi obligé le ministère des Affaires sociales et de la Santé à clarifier la situation juridique. Il est attendu que les révisions en faveur d'une prescription pour l'usage médical du cannabis entreront en vigueur d'ici quelques mois et qu’elles ne dispenseront pas les patients d’une demande d’autorisation auprès de l’Agence nationale des médicaments.

Le rapport est disponible sur : http://yle.fi/news/id77759.html

(Source : YLE News, du 17 décembre 2007)

Etats-Unis — la principale corporation américaine de médecins exige le reclassement du cannabis et la protection des patients qui utilisent la drogue dans un cadre légal

L’ACP (American College of Physicians), le plus grande corporation de médecins aux Etats-Unis, demande au gouvernement fédéral d'alléger l’interdiction de l'usage médical du cannabis ainsi que d’accélérer les travaux de recherche sur le potentiel thérapeutique de la drogue. Dans un document de prise de position de 13 pages, la corporation, fière de ses 124 000 membres, exige notamment que le cannabis soit rayé de la liste des stupéfiants de catégorie I. Cette classe comprend principalement des substances illicites, telles que l'héroïne et le LSD, qui se distinguent, entre autres, par l’absence de potentiel thérapeutique et un niveau élevé de risque de dépendance.

Dans leur revendication, l’ACP a formulé les cinq points suivants :

« Point 1 : l’ACP soutient les programmes ainsi que la mise à disposition des subventions permettant d’évaluer scientifiquement les possibles bénéfices thérapeutiques de la marijuana médicale, et la publication de l’ensemble des résultats. (...)

Point 2 : l’ACP encourage toute forme d’utilisation du THC, sauf la variante fumée, dont la valeur thérapeutique a été démontrée.

Point 3 : l’ACP soutient la procédure fédérale actuellement en cours permettant d’obtenir du cannabis correspondant aux besoins de la recherche.

Point 4 : en considération des informations scientifiques sur la sécurité de la marijuana et de son efficacité dans le traitement de certaines pathologies cliniques, l'ACP demande une reconsidération rapide du classement de la marijuana qui, à ce jour, figure toujours en catégorie I.

Point 5 : l’ACP soutient les médecins qui prescrivent ou délivrent de la marijuana médicale conformément aux lois en vigueur dans leurs Etats respectifs afin qu’ils ne subissent plus de poursuites pénales fédérales ni de sanctions professionnelles et que leur responsabilité civile ne puisse plus être engagée. De la même manière, l’ACP demande de toute urgence que les patients qui utilisent la marijuana à des fins médicales et dans le respect des lois soient protégés afin qu’ils ne fassent plus l’objet de sanctions juridiques ou administratives. »

Le document de prise de position est disponible en ligne sur le site de l’Amercian College of Physicians :

http://www.acponline.org/acp_news/medmarinews.htm

(Source : Los Angeles Times, du 14 février 2008 ; Site Internet de l’ACP)

En bref

Etats-Unis — Oregon et Nevada

D’après la presse écrite, il y aurait actuellement environ 16 000 patients dans l’Oregon et 900 dans le Nevada qui bénéficient d’une autorisation spéciale, délivrée par les Etats respectifs, leur permettant d’utiliser le cannabis médical. (Sources : Oregonian, du 4 février 2008 ; Nevada Appeal, du 4 février 2008)

Royaume-Uni — symposium

L’Academy of Pharmaceutical Sciences et la Royal Pharmaceutical Society organisent conjointement un symposium sur «Les médicaments à base de cannabinoïdes» qui se tiendra le 10 mars 2008 à Londres. Pour plus d’informations, rendez-vous sur http://www.rpsgb.org/worldofpharmacy/events (Source : message personnel)

Science — aptitude intellectuelle

Des chercheurs de l’université de Toronto (Canada) ont étudié l’aptitude intellectuelle de 140 patients atteints d’une sclérose en plaques. Parmi ce groupe, il y avait 10 consommateurs de cannabis. D’après le Symbol Digit Modalitites Test (SDMT), évaluant la rapidité de traitement des informations, la mémoire et l’attention, ces derniers ont obtenu de moins bons résultats que les patients non consommateurs. Les chercheurs proposent de conduire d’autres études afin de mettre au clair si le cannabis est responsable de ce faible niveau de performance. (Source : Ghaffar O, et al. Neurology, du 13 février 2008 [publication électronique avant impression])

Science — processus de consommation du cannabis

Des chercheurs allemands ont étudié le processus naturel de consommation, d’abus et d’addiction relatif au cannabis. L’étude a réuni 3021 personnes âgées alors entre 14 et 24 ans et a couvert une période de dix ans. D’après les résultats, qui seront publiés au mois de mars, environ un tiers des participants (34,2 %) ont déclaré avoir consommé du cannabis au début de l’étude et parmi ceux qui ont consommé plus de 5 fois dans leur vie, 46,3 % en consomment toujours, c’est-à-dire dix ans plus tard. (Source : Perkonigg A, et al. Addiction 2008;103(3):439-449)

Science — allergies

Des chercheurs espagnols ont étudié les allergies à la feuille de cannabis. Ils ont découvert que les personnes allergiques à la tomate présentent également un risque élevé d’allergie à la feuille de cannabis. (Source : de Larramendi CH, et al. Int Arch Allergy Immunol 2008;146(3):195-202)

Science — allergies

Des chercheurs de l’université de Florence (Italie) ont travaillé sur l'asthme d’origine allergique chez les animaux et les effets d’un cannabinoïde synthétique (CP55,940) qui, tout comme le THC, se lie aux récepteurs CB1 et CB2. Ainsi, chez des cochons d’Inde allergiques à une certaine protéine (ovalbumine), les symptômes asthmatiques ont pu être significativement diminués si on leur administrait le cannabinoïde avant de les exposer à l'allergène. (Source : Giannini L, et al. J Cell Mol Med, du 4 février 2008 [publication électronique avant impression])

Science — parodontose

Des chercheurs de la Nouvelle-Zélande ont travaillé sur la question de savoir si oui ou non le fait de fumer du cannabis représente un facteur de risque pour développer une dégénérescence du parodonte, comme cela a été démontré chez les fumeurs de tabac. L’étude s’est basée sur des informations issues d’une étude prospective avec 1015 participants qui ont été accompagnés du moment de leur naissance (entre 1972 et 1973) jusqu’à l’âge adulte (appelée aussi « Etude de cohorte de Dunedin »). Les chercheurs ont découvert que le groupe de fumeurs de cannabis le plus exposé présente un risque multiplié par deux de développer les symptômes d’une parodontose. (Source : Thomson WM, et al. JAMA 2008;299(5):525-31.)

Science — trouble de l’hyperactivité

Dans une étude prospective («Etude de cohorte de Christchurch ») avec 1265 enfants, aujourd’hui âgés de 25 ans, des chercheurs de la Nouvelle-Zélande ont étudié la relation entre la consommation de cannabis et le trouble du déficit de l’attention et/ou d’hyperactivité (TDA/H) à l’âge adulte. Ils ont découvert que les personnes à l’âge de 25 ans qui consommaient du cannabis déclaraient davantage, et cela de manière notable, de présenter aussi les symptômes d’un TDA/H. (Source : Fergusson DM and Boden JM. Drug Alcohol Depend, du 31 janvier 2008 [publication électronique avant impression])

Science — stéatose hépatique

Selon des déclarations faites par des chercheurs français, la consommation quotidienne de cannabis est associée au risque de développer une stéatose hépatique avec hépatite C. Pour ces travaux, ils ont inclus 315 patients atteints d’une hépatite C non traitée qui se sont soumis à une biopsie du foie. Selon les résultats de l’étude, la consommation quotidienne de cannabis a été un facteur de risque indépendant qui a doublé la fréquence d’apparition d’une stéatose hépatique comparée aux résultats obtenus chez les consommateurs occasionnels de cannabis et les non consommateurs. (Source : Hézode C, et al. Gastroenterology 2008;134(2):432-9.)

Science — cancer du poumon

Suite à une étude incluant 79 patients atteints d’un cancer du poumon, des chercheurs de l’Institut de recherche médicale de la Nouvelle Zélande, ont révélé que le fait de fumer beaucoup de cigarettes de cannabis était associé à un risque multiplié par six de développer un cancer du poumon. Il s’agit ici de l’une des plus petites études de ce type et il convient d’ajouter que la plus vaste de ces études, conduite aux Etats-Unis, n’avait pas permis de découvrir une augmentation du risque de cancer du poumon chez les fumeurs de cannabis. (Source : Aldington S, et al. Eur Respir J 2008;31(2):280-6.)

Science — grossesse

Dans une étude prospective avec 648 enfants, les chercheurs de l’université de Pittsburgh ont découvert que des enfants, âgés de 6 ans, dont les mères consommaient du cannabis au cours de la grossesse, obtenaient des résultats peu convaincants lors d'un test d'intelligence spécifique (Standford-Binet Intelligence Scala). (Source : Goldschmidt L, et al. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry, du 22 janvier 2008 [publication électronique avant impression])