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IACM-Bulletin du 4 mai 2007

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Monde — pour des raisons politiques, la Commission des stupĂ©fiants des Nations unies se prononce contre le reclassement du dronabinol (THC)

Lors de la 50Ăšme session de la Commission des stupĂ©fiants (CND) des Nations unies, qui s’est dĂ©roulĂ©e du 12 au 16 mars 2007 Ă  Vienne en Autriche, le projet de reclassement du dronabinol (THC), la principale substance active du cannabis, a Ă©tĂ© rejetĂ©. Or, en 2006, le ComitĂ© europĂ©en de lutte anti-drogue (CELAD/ECDD) de l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS/WHO) avait recommandĂ© un reclassement de la classe II en classe III, moins restrictive, selon la Convention sur les substances psychotropes des Nations unies de 1971.

L’OMS avait constatĂ© que la substance offrait un bĂ©nĂ©fice thĂ©rapeutique mesurĂ© et que son application mĂ©dicale prendrait certainement de l’ampleur tenant compte des nombreuses recherches cliniques en cours. Elle estimait que l’inscription en classe III correspondait davantage aux caractĂ©ristiques de la substance que celle en classe II qui, bien qu’effective, Ă©tait dĂ©passĂ©e d’aprĂšs les experts. L’OMS estimait que le risque d’abus du dronabinol Ă©tait trĂšs faible. Or, dĂšs le processus prĂ©liminaire de la session de la CND, plusieurs pays, dont en premiĂšre ligne les Etats-Unis, se sont clairement prononcĂ©s contre ce reclassement. De plus, le service de contrĂŽle des stupĂ©fiants des Nations unies (INCB) s’est montrĂ© dĂ©favorable aux recommandations de l’OMS, d’abord dans son rapport annuel 2006, puis en session plĂ©niĂšre de la CND. Selon l’INCB, il existerait des tĂ©moignages d’abus commis dans le pays, dans lequel le dronabinol Ă©tait prescrit le plus, laissait sous-entendre les Etats-Unis. Or les USA n’avaient observĂ© qu’un « niveau faible en termes de dĂ©tournement et d’abus » dans une prise de position Ă©crite et adressĂ©e Ă  l’OMS sur le thĂšme du dronabinol.

Seuls deux des quinze orateurs se sont prononcĂ©s pour le projet de reclassement. Parmi eux, plusieurs ont remis en question les bases scientifiques accompagnant la recommandation. Ce manque de soutien s’est avĂ©rĂ© contradictoire au vu des rĂ©ponses envoyĂ©es au cours des derniers mois Ă  l’OMS. En effet, onze des treize pays reprĂ©sentĂ©s avaient signalĂ© clairement qu'ils n'avaient pas d'objection contre le reclassement proposĂ©. Seul le Canada est restĂ© franc en motivant son refus. Son reprĂ©sentant a fĂ©licitĂ© l’OMS pour son « excellent conseil d’experts » dont il ne mettait pas en cause la valeur. Il a nĂ©anmoins tenu Ă  signaler que, pour des rĂ©flexions autres, le gouvernement de son pays ne souhaitait pas soutenir le reclassement parce que celui-ci « pourrait diffuser un message confus concernant le risque liĂ© Ă  la consommation de cannabis ».

Plus d’informations sur les discussions au sujet du dronabinol qui ont eu lieu lors de la session 2007 de la CND sont disponibles dans le rapport de l’International Drug Policy Consorium sur

http://www.idpc.info/docs/IDPC_Report_5.pdf

(Source : Rapport de la session de la CND de mars 2007 rĂ©digĂ© par l’IDPC)

Science — le THC favorise la prise de poids chez des personnes d’un certain Ăąge souffrant de pertes d’appĂ©tit et de poids

Selon des recherches conduites Ă  l’universitĂ© de Saint Louis aux Etats-Unis, le THC peut favoriser la prise de poids chez des personnes d'un certain Ăąge souffrant d'anorexie (perte de l’appĂ©tit) et de perte de poids. Les chercheurs ont conduit une enquĂȘte rĂ©trospective avec 28 participants d’ñge moyen de 79,5 ans et Ă  qui l’on a administrĂ© du THC pendant 12 semaines.

Au dĂ©but de l’enquĂȘte, le poids des participants Ă©tait de 47,9 kg en moyenne. Sous administration de THC, 15 participants (53,5 %) ont pris du poids, dont 10 personnes au minimum 2,3 kg et 6 personnes au minimum 4,5 kg. Les participants qui ont perdu du poids pendant l’étude Ă©taient gĂ©nĂ©ralement plus jeunes que ceux qui ont pris du poids (70,9 ans versus 90,8 ans). Les rĂ©sultats de l’étude ont affichĂ© une prise moyenne de poids de 1,4 kg. 11 participants ont perdu du poids. Parmi eux, 7 personnes sont dĂ©cĂ©dĂ©es (64 %) versus 4 personnes (26 %) du groupe des personnes ayant pris du poids.

La version intĂ©grale du rĂ©sumĂ© de l’étude est disponible sur

http://www.cannabis-med.org/studies/study.php

(Source : Wilson MM, Philpot C, Morley JE. Anorexia of aging in long term care: is dronabinol an effective appetite stimulant? - a pilot study. J Nutr Health Aging 2007;11(2):195-8.)

Science — selon une Ă©tude clinique, l’inhalation du cannabis est un moyen efficace pour assimiler le THC

Dans une Ă©tude, menĂ©e par le Dr. Abrams et coll. de l’universitĂ© de Californie, 18 volontaires en bonne santĂ© ont reçu 3 variĂ©tĂ©s diffĂ©rentes de cannabis (avec des concentrations de THC de 1,7 %, de 3,4 % et de 6,8 %) au moyen de deux techniques distinctes: par inhalateur (Volcano, Storz & Bickel) et par cigarette de cannabis. La concentration maximale et la biodisponibilitĂ© du THC ont Ă©tĂ© similaires pour les deux techniques d’administration. La concentration de monoxyde de carbone a Ă©tĂ© infĂ©rieure pour l’administration par inhalateur. Les chercheurs ont conclu que l’«inhalation du cannabis reprĂ©sente une maniĂšre sĂ»re et efficace d’administration du THC ».

Selon une Ă©tude basĂ©e sur des informations rĂ©coltĂ©es sous forme d'entretiens sur Internet avec des consommateurs de cannabis conduite par des chercheurs de l’universitĂ© de l’état de New York, l'utilisation de l’inhalateur, comparĂ©e Ă  la mĂ©thode fumĂ©e du cannabis, est associĂ©e Ă  une rĂ©duction des problĂšmes respiratoires.

(Sources : Abrams DI, Vizoso HP, Shade SB, Jay C, Kelly ME, Benowitz NL. Vaporization as a smokeless cannabis delivery system: a pilot study. Clin Pharmacol Ther, 11. April 2007; [publication Ă©lectronique avant impression]; Earleywine M, Barnwell SS. Decreased respiratory symptoms in cannabis users who vaporize. Harm Reduct J 2007;4:11.)

Science — le THC rĂ©duit l’évolution et la propagation du cancer du poumon dans un modĂšle animal

Dans un communiquĂ© de presse, la SociĂ©tĂ© amĂ©ricaine de recherche sur le cancer (AACR) a dĂ©clarĂ© que des chercheurs de l’universitĂ© de Harvard ont prĂ©sentĂ© une Ă©tude animale dĂ©montrant que le THC pourrait ĂȘtre bĂ©nĂ©fique contre le cancer du poumon. Cette prĂ©sentation a eu lieu lors du congrĂšs annuel de la sociĂ©tĂ© qui s’est dĂ©roulĂ© du 14 au 18 avril 2007 Ă  Los Angeles.

Chez des souris traitĂ©es avec du THC pendant 3 semaines, la substance a freinĂ© d’environ 50 % l’évolution de la tumeur en cas de carcinome pulmonaire normal et a significativement rĂ©duit l’activitĂ© cancĂ©reuse. « L’intĂ©rĂȘt de cette Ă©tude consiste Ă  pouvoir dĂ©montrer comment une substance souvent mal utilisĂ©e peut, si elle est administrĂ©e intelligemment, ouvrir de nouvelles voies en terme de traitement contre le cancer du poumon », a dĂ©clarĂ© le Dr. Anju Preet, l’un des chercheurs.

Le communiquĂ© de presse de l’AACR est disponible sur

http://www.aacr.org/home/public--media/public-policy--legislative-affairs/press-releases--articles.aspx?d=744

(Source : communiquĂ© de presse de l’AACR du 17 avril 2007)

En bref

Canada — programme de cannabis mĂ©dical

Actuellement, 1742 patients possĂšdent une autorisation dĂ©livrĂ©e par le MinistĂšre de la SantĂ© qui leur permet de possĂ©der du cannabis sĂ©chĂ© en tant que mĂ©dicament. Parmi eux, 1040 ont en plus une licence pour cultiver le cannabis eux-mĂȘmes et 167 personnes sont autorisĂ©es Ă  le cultiver pour des patients ayant une autorisation. Le ministĂšre de la SantĂ© achĂšte le cannabis mĂ©dical aux cultivateurs licenciĂ©s au prix de 328,75 dollars canadiens/kg (216 euros) pour le revendre ensuite aux patients pour environ 5000 dollars canadiens/kg. Selon une Ă©tude de l'Association Aids Canada, prĂšs d’un tiers des personnes atteintes du VIH/sida utilisent le cannabis Ă  des fins mĂ©dicales, mais seulement peu d’entre eux possĂšdent une autorisation officielle. (Sources : Canadian Press du 17 avril 2007; Belle-Isle L, Hathaway A., AIDS Care 2007;19(4):500-6.)

Science — le cannabinor et les douleurs

Un communiquĂ© de presse de la sociĂ©tĂ© Pharmos Corporation a rĂ©vĂ©lĂ© que le cannabinoĂŻde synthĂ©tique cannabinor Ă©tait efficace pour diminuer les douleurs postopĂ©ratoires chez plus de 100 patients ayant subi une extraction de dent. Aucune diffĂ©rence n’a Ă©tĂ© observĂ©e concernant les effets secondaires liĂ©s Ă  l'administration du placebo et de trois doses de cannabinor utilisĂ©es lors de l’étude (12,24 mg et 36 mg par voie intraveineuse). Le cannabinor est un antagoniste sĂ©lectif du rĂ©cepteur CB2. La substance ne se lie pas au rĂ©cepteur CB1 et, par consĂ©quent, ne provoque pas d’effet secondaire psychique. (Source : communiquĂ© de presse de Pharmos du 24 avril 2007)

Science — rapports sexuels

D‘aprĂšs des entretiens conduits par des scientifiques de l’universitĂ© de Liverpool avec 270 personnes ĂągĂ©es entre 18 et 66 ans, les personnes interrogĂ©es ont dĂ©clarĂ© que, comparĂ©s aux rapports sexuels aprĂšs avoir consommĂ© de l'alcool, ceux aprĂšs avoir consommĂ© du cannabis, de la cocaĂŻne ou des ecstasy procuraient plus de plaisir, plus de satisfaction, plus de sensibilitĂ© au contact avec le partenaire et une plus grande volontĂ© d'expĂ©rimentation. (Source : Sumnall H, et al. J Psychopharmacol, du 19 Avril 2007; [publication Ă©lectronique avant impression])

Science — fonction cardiaque

Selon des recherches sur des souris, l’absence de la protĂ©ine qui dĂ©grade l’endocannabinoĂŻde anandamide rĂ©sulte en un retardement du processus de vieillissement cardiovasculaire et de l’artĂ©riosclĂ©rose. Une concentration plus Ă©levĂ©e de l’endocannabinoĂŻde a eu pour consĂ©quence la rĂ©duction de l’activitĂ© inflammatoire et du stress oxydatif. (Source : Batkai S, et al. Am J Physiol Heart Circ Physiol, du 13 avril 2007; [publication Ă©lectronique avant impression])

Italie — Symposium

Un symposium est organisĂ© les 3 et 4 mai 2007 sur le thĂšme « Canapa medica : le prospettive per i malati » (cannabis mĂ©dical : les perspectives pour les malades). La manifestation va se dĂ©rouler Ă  l’universitĂ© de Pise. (Source : Associazione Cannabis Therapeutica, www.medicalcannabis.it)